« - Sœur Marie-Thérèse, ouvrez ! Vous ne pouvez pas vous enfermer comme ça pendant des jours !... Je ne vous ai même pas donné la moindre pénitence… Si au moins vous portiez un cilice… Et il y a là des messieurs de la gendarmerie qui souhaiteraient vous voir… ça a l’air assez urgent…
- Ah mais on veut pas seulement la voir, on va l’enchrister, la frangine ! On te la fait gicler de sa piaule et on te colle en cellule en attendant le procès !
- Mais ?!? Elle est déjà en cellule…
- Un procès ? Mais… Pourquoi, qu’est-ce qu’elle a fait ?...
- Hein ?... Heu… Ce qu’elle a fait ?... Violation de propriété privée, destruction de bien privé en la personne d’un labo de recherche expérimentale sur des O.G.M., destruction de l’ingénieur en chef, vandalisme, dégradations, grossièretés… C’est un vrai démon. »
Loué, soit le Seigneur ! Sœur Marie-Thérèse des Batignolles revient après onze ans d’absence. La nonne n’est pas en odeur de sainteté auprès de la justice. Suite à tous les ravages qu’elle a causé dans l’épisode précédent, Sœur Marie-Thérèse se voit arrêtée dans son couvent par les forces de l’ordre afin de se retrouver devant un tribunal de grande instance pour répondre de ses actes. Mais si la justice des hommes n’est pas toujours impartiale, elle peut compter sur celle du Ciel pour tout remettre en ordre… ou pas…
Mais quel bonheur de retrouver Maëster ! Après ses gros soucis de santé, l’ex-pilier de Fluide Glacial revient aux fourneaux. Interrompu en avril 2014, l’album est poursuivi au dessin par Julien Solé. Il se met dans les chaussons du détenteur des clés, fait illusion sur les personnages, mais n’est pas aussi généreux que lui dans les détails et les clins d’œil. Mais ne boudons pas notre plaisir de le voir co-dessiner ce volume avec son dynamisme et son efficacité de haute voltige.
Le scénario complètement déjanté rappelle les belles heures du mensuel des éditions Audie. Même si Maëster a quitté la maison, il en porte les gènes. Les cases sont emplies de milliards de détails. On peut s’amuser à relever la liste des personnalités caricaturées : les Marx Brothers, Louis de Funès, Michel Galabru, Joe Dalton, José Bové, l’avocat Georges Kiejman, Napoléon, Marilyn, Michel Lys le jardinier, Pierre Desproges, Robespierre, le personnage du Cri de Munch, j’en passe et des meilleurs. On ne peut pas faire la liste sans en oublier. Sans compter qu’un nageur fend la foule, que quelqu’un montre son derrière et que le greffier en est un vrai. On connaissait Eugène Ionesco, chantre du théâtre de l’absurde, voici Jean-Marie Maëster, apôtre de la bande dessinée décalée.
Dans une introduction tendre, Maëster parodie la scène du Mépris, film de Godard, dans laquelle il remplace Bardot et Piccoli par Sœur Marie-Thérèse et son pote portugais. Ça a l’air subversif, mais c’est en fait émouvant.
Au cinéma, nombreux sont les films de procès, de La passion de Jeanne d’Arc à Douze hommes en colère, de Philadelphia à L’affaire Dominici. Maëster redéfinit la BD de procès.
Bon, ben, après tout ça, on va aller se fumer un p’tit pétard avec Jésus !
Laurent Lafourcade
Série : Sœur Marie-Thérèse des Batignolles
Tome : 7 - Ainsi soit-elle !
Parution : 9 octobre 2019
Genre : Humour païen
Scénario & Dessins : Maëster
Dessins : Julien Solé
Couleurs : Mariacristina
Éditeur : Glénat
Nombre de pages : 48
Prix : 13,90 €
ISBN : 9782356261076
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