Splendide, magistral, éblouissant : faites votre choix. Stella
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Splendide, magistral, éblouissant : faites votre choix.  Stella

« - Mais, mais… Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous entrée ?

- Tu ne me reconnais donc pas ?

- Comment ça ? Stella ?... Ce… Ce n’est pas possible…. Pourtant oui… Je te reconnais ! C’est bien toi, telle que je t’imaginais ! C’est incroyable !

- Alors c’est ça le monde réel ?...

- En effet, c’est ça le monde réel.

- Ah oui, je le vois bien. Tout est beaucoup plus net, beaucoup plus détaillé qu’avant… Les sensations et les odeurs sont bien plus fortes et plus variées… Les objets semblent plus denses, plus concret… Et on est où exactement ?

- Chez moi, dans mon appartement à Soho, Manhattan. »

 

 

 

 

 

 

                La fin d’un roman… le début d’une histoire ? A New-York, lorsque l’écrivain Taylor Davis  écrit le mot fin de son roman, il est loin de se douter de ce qu’il va se produire L’héroïne de son roman se situant dans les années 50 vient d’apparaître dans son appartement. L’homme est-il schizophrène ? Il avait l’habitude de converser avec elle comme si elle existait, mais la voilà à présent devant lui. Il remarque qu’elle n’a pas de nombril. C’est donc bien elle, la Stella de son livre. Il va falloir qu’elle s’installe dans ce monde moderne. Tout se passerait normalement si son cas n’intéressait pas la « Noos-Community », dont les membres sont adeptes de la « Noosphère », sorte d’enveloppe qui entoure la terre et qui contient l’ensemble des pensées et des idées du monde.

 

 

 

 

© Bonin - Vents d’Ouest

 

 

                Stella est de la veine des meilleurs épisodes de The Twilight Zone, cette vieille série américaine aux histoires indépendantes dans lesquelles le fantastique s’immisçait dans la vie des gens de façon inattendue. Cette jeune femme issue de l’imagination d’un écrivain prend vie comme par magie, sortie d’un roman terminé. Elle devra se faire une place dans ce monde moderne, dans lequel la place de la femme dans la société n’est pas la même que dans les fifties. L’auteur en profite également pour mettre une petite claque à cet appareil que l’on appelle téléphone portable et qui nous emprisonne tout autant qu’il nous ouvre sur le monde. Stella est aussi l’histoire de la création d’un roman dans la tête de celui ou celle qui l’imagine. Qu’est-ce qui est inventé dans tout ça ? C’est une question à se poser, remise en cause par ce concept de « Noosphère ». On pénètrera dans ces tourments de la création au travers du personnage de Taylor, mais aussi de sa nouvelle voisine Debbie qui a des velléités d’écriture et qui souhaite le regard avisé d’un professionnel sur son livre.

 

 

 

 

© Bonin - Vents d’Ouest

 

 

                Bonin renvoie dans leurs foyers les grands auteurs de roman sentimentaux. Il y a dans cet album un esthétisme, une grâce et une finesse qui dépasse ce que l’on a lu auparavant en littérature ou en BD, ce que l’on a vu précédemment au cinéma ou en série télévisée. Il y a un suspens naturel. Comment Taylor va-t-il gérer la vie de Stella ? Quels rapports va-t-il entretenir avec sa voisine autrice ? Qui sont ces gens qui veulent « observer » Stella ? Stella est ce genre d’albums que l’on aurait pu penser ennuyeux et statique. C’est tout le contraire. Stella est ce genre d’albums que l’on ne peut pas refermer avant de l’avoir terminé. Et là où Bonin réalise un coup de maître, c’est que quand bon nombre d’histoires se terminent de façon alambiquée ou restent dans un mystère laissant aux lecteurs le soin d’imaginer la clef d’un mystère, il conclut d’une façon éblouissante. C’est magistral.

 

                Toute la beauté de l’histoire se retrouve dans le trait de son dessinateur. On pénètre dans le quartier new-yorkais de Soho où réside Taylor comme si on y était. Les couleurs de fin d’après-midi sont envoûtantes. Et Stella, sans avoir les poncifs des canons de beauté, a un charme et une classe inégalables. On en tomberait presque amoureux.

 

 

 

 

© Bonin - Vents d’Ouest

 

 

                N’y allons pas par quatre chemins : Cyril Bonin signe son chef-d’œuvre. Stella n’est pas une histoire romantique. Stella n’est pas un thriller. Stella n’est pas un conte. Stella, c’est tout ça à la fois. Un des meilleurs albums de l’année qui, espérons-le, ne passera pas inaperçu à cause de cette foutue crise.

 

                1956, Roger Vadim « créa la femme » au cinéma. 2020, Cyril Bonin créé Stella en bande dessinée.

 

Laurent Lafourcade

 

 

PS : Nous devons tous rester chez nous, sauf nos amis de la santé et de la distribution alimentaire à qui nous pensons très fort. En ces temps compliqués, quoi de mieux que de lire des BD. Pour acheter ces beaux albums, si les librairies ont dû fermer leurs rideaux, n’oubliez pas que beaucoup d’entre elles proposent des services de vente par correspondance sur leurs sites. Alors, avant de vous précipiter sur les sites d’Amazan ou de la Fnoc, vérifiez si votre libraire de quartier ou de plus loin le fait.

 

 

One shot : Stella 

 

Genre : Réalisme fantastique 

 

Scénario, Dessins & Couleurs : Cyril Bonin 

 

Éditeur : Vents d’Ouest

 

Nombre de pages : 104

 

Prix :  18 €

 

ISBN : 9782749308982

 



Publié le 11/04/2020.


Source : Bd-best

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