« - Hem… Euh… ‘jour… Excusez-moi si mon apparition vous a saisie !
- Saisie ?... Mais on vous entend venir de loin… D’ailleurs vous me suivez depuis des heures !... Cela dit, asseyez-vous et partagez mon repas !...
- Vos yeux pétillent de curiosité, ça vous donne un charme fou… Vous me rappelez…
- Qui ?... Quoi ?...
- Non… Rien… ça vous prend souvent de vous promener seule ? »
Aria voyage très souvent seule, presque toujours. Ce quarantième et dernier album d’Aria est présenté comme le carnet de croquis d’un homme, Weyland lui-même, qui a accompagné la jolie blonde dans ses aventures et ses pérégrinations. Les illustrations dévoilent l’envers du décor des histoires, avec commentaires et anecdotes. Pour terminer, trois courts récits inédits en album closent l’opus, avec déjà un parfum de nostalgie.
Durant quarante-deux ans, Michel Weyland est arrivé à renouveler sa série en mêlant aventure et faits de société, avec des sujets comme le viol, le racisme, la violence conjugale ou encore la famille au sens large. Avec sa sensibilité et son tact, l’auteur raconte, suggère, plus qu’il ne montre, sans tomber dans un manichéisme simplifié. Parallèlement, il n’oublie pas qu’Aria évolue dans un monde d’Heroïc Fantasy, mais ce thème n’est pas exposé avec grandiloquence comme dans Lanfeust. C’est une fantasy presque naturelle où les peuples vivent les uns aux côtés des autres, les uns contre les autres, comme pourraient le faire différentes castes d’une société humaine.
Graphiquement, Aria a toujours été une jeune femme dynamique, mais son visage et son regard ont été gravés par le poids des événements et des difficultés personnelles qu’elle a vécus ces dernières années. Petit à petit, les épisodes d’Aria sont devenus peut-être moins originaux, moins « grand spectacle », mais plus touchants, plus émouvants. D’épisodes en épisodes, de jolies surprises ont étoffé une mythologie que Weyland a construit lentement mais sûrement. Cette série est rentrée dans la catégorie des classiques.
Aria est la seule série à avoir fait les beaux jours aussi bien de Spirou que de Tintin. La guerrière a enchanté le journal des éditions du Lombard tout au long des années 80 avec ses meilleurs épisodes : Les chevaliers d’Aquarius, L’anneau des Elflings ou Le tribunal des corbeaux. Depuis 1994, la blonde a rejoint le calot du groom.
Dans l’opéra, un aria est un grand air pour soliste. Michel Weyland a su le transformer en chanson de geste pour une belle aventurière au grand cœur.
Laurent Lafourcade
Série : Aria
Tome : 40 – Carnet de voyage
Genre : Aventure
Scénario & Dessins : Michel Weyland
Couleurs : Nadine Weyland
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 64
Prix : 13,95 €
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