« - Comment tu peux vivre comme ça, sans même savoir qui tu es ? Qui tu es vraiment, je veux dire.
- Je me suis habitué à ne pas savoir. Je ne cherche même plus à connaître mon passé. Ça ne m’intéresse plus.
- Il existe sûrement un traitement pour réveiller ton passé. Tu n’as jamais eu envie d’essayer ? »
Phoenix Tzirel, département de police d’Hesperia, troisième lune de Cajon Pass, système de Lancaster, matricule 3233363622, est un flik (il n’y a pas de faute d’orthographe) amnésique. Il vit dans un monde futuriste, entre planètes et systèmes où humains côtoient aliens et robots humanisés, comme dans une bonne vieille histoire de S-F de Mickey. Tiens, on va peut-être voir ce bon vieux professeur Mirandus ? Un seul problème, on n’est pas dans le joli monde de Mickey.
Phoenix doit faire face à Titus Arcos, un tueur professionnel, bien plus dangereux qu’un simple voleur des quartiers chics de Mesa. L’assassin vient de ronger le corps d’un prostitué avec un acide vivant et vient de s’enfuir au nez et à la barbe des forces de l’ordre. La police veut classer l’affaire car la deuxième victime du meurtrier est un gros bonnet dont la famille tient à rester discrète. Phoenix, qui a laissé un collègue sur le carreau dans la tentative d’interpellation, ne l’entend pas de cette oreille. Il promet à ses compatriotes de la planète Argleben de retrouver le tueur, Arcos, membre de la secte des traqueurs-assassins de Solar Corona, la planète des plaisirs. Il y rencontrera Anah, avec qui il va former un duo de choc.
Jerry Frissen créé tout un monde interplanétaires. Simak pourrait être une variation de Valérian. Il y a de l’action, de la séduction, de l’humour (« Tu ferais mieux de fermer tes gueules. »), mais la forme, encore plus que le fond, reste plus sombre. Le scénariste présente le concept du Simak. C’est une créature illégale, un transhumain, un homme modifié par la paraguilde pour les bordels de luxe de la planète, et dont les capacités de métamorphose ont échappé à leurs créateurs. Et là où Frissen tire son épingle du jeu, c’est qu’il ne cède jamais à la facilité. La planète du plaisir aurait pu présenter des scènes d’orgies ou de luxure. Jamais. L’histoire reste sobre et intelligente. Les thèmes abordés sont d’actualité, des paradis artificiels, avec le Pikul qui permet de s’évader dans des rêves doucereux, à la lutte contre le sectarisme. La religion et la justice sont aussi au cœur de la problématique avec notamment cette scène où les fliks veulent prendre d’assaut un temple au moment de la prière.
Récemment, Exodus Manhattan, de Nykko et Bannister, traitait aussi d’une société futuriste. Simak est une approche complètement différente mais les deux récits constituent un réseau de lecture pertinent.
Qu’on aime ou qu’on n’aime pas le style Ponzio, il faut avouer que cet auteur est le maître en sa technique.
Dans les années 80, les éditions Glénat nous faisaient découvrir le style hyper réaliste de Don Lawrence avec Storm et L’empire de Trigan. Dans sa digne descendance et dans un style photographique, Jean-Michel Ponzio est en train de marquer les années 2010. Une enveloppe qui pourrait être froide et figée est transformée en gangue émouvante et dynamique, tout en préservant les codes purs de la BD.
Frissen et Ponzio signent le début d’un diptyque à la Blade Runner, dont les personnages ont toute la capacité de supporter une série. La révélation finale laisse le lecteur dans une frustration excitante. Vite, la suite !
Laurent Lafourcade
Série : Simak
Titre : 1 – Traque sur Solar Corona
Genre : Polar futuriste
Scénario : Frissen
Dessins & Couleurs : Ponzio
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Nombre de pages : 56
Prix : 14,50 €
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