« - Tu peux m’expliquer ce qui est arrivé à ta maman ?
- Ah ça… C’est à cause du ciel et des nuages.
- Du ciel ?!
- Ben oui, le ciel c’est rien que du malheur et les nuages ça emprisonne la tête des monsieurs. Comme celle de papa qui est parti avec une poule.
- Ok. Mais maintenant, il est où ton papa ?
- Je sais pas. Combien de temps ça prend de faire le tour du monde avec une poule ? »
Il voulait tuer le ciel et il a tué sa mère. Tout ça parce que sa maman disait toujours que la vie c’est pire que le ciel gris et que ces saloperies de nuages ne sont là que pour pisser du malheur. Icare, alias Courgette, s’était dit qu’en tuant le ciel gris les coups que lui portent sa mère cesseraient. Mais elle n’a pas compris qu’il faisait ça pour elle, et tout a mal fini. Elle est morte. Il ne la reverra plus. Elle est partie avec les anges. Il n’a aucune famille. L’enfant de neuf ans est placé en foyer. Il y rencontrera l’amitié et l’amourette. Mais lui, ce dont il rêve par-dessus tout, c’est d’être adopté par Raymond, le gendarme qui l’a trouvé lorsqu’il s’était réfugié dans le grenier après le drame.
Lorsque Gilles Paris, attaché de presse dans l’édition, publie son deuxième livre en 2002, il était loin d’en imaginer le succès et les retentissements. Vendu à 300 000 exemplaires, il est adapté en téléfilm en 2006 sous le titre C’est mieux la vie quand on est grand, avec Daniel Russo, puis en dessin animé en stop motion long métrage en 2017, raflant deux Césars. Aujourd’hui, la bande dessinée s’empare de cette réflexion sur la délinquance et la misère sociale.
Après En attendant Bojangles, Ingrid Chabbert démontre que l’adaptation de romans en bande dessinée n’est pas un travail de tâcheron mais une démarche d’artiste. Extraire la substantifique moelle d’une écriture pour en dégager le découpage d’un album fidèle exige un certain savoir-faire qu’Ingrid Chabbert possède indéniablement, d’autant plus qu’elle le fait sur des romans psychologiquement puissants.
Au dessin, Camille K. marche sur les pas de Michel Rabagliati. Dans un style cousin de l’auteur québécois de Paul, elle y met des couleurs pastels sombres. Ses planches alternent avec quelques dessins dans un style enfantin, comme si c’était Courgette qui les avait réalisés. L’effet est saisissant, bluffant, magique, incroyablement émouvant.
Autobiographie d’une courgette est une tragique histoire d’innocence. C’est aussi un formidable message d’espoir, une lumière au bout du chemin.
Laurent Lafourcade
One shot : Autobiographie d’une courgette
Genre : Emotion
Scénario : Ingrid Chabbert
Dessins & Couleurs : Camille K.
D’après : Gilles Paris
Éditeur : Philéas
Nombre de pages : 128
Prix : 17,90 €
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