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Depuis les temps immémoriaux, l’Homme se fait la guerre, grande ou petite, glorieuse ou honteuse, mondiale ou locale, elle est une part importante de son Histoire !
Mais cette Histoire ne s’écrit pas toujours avec un grand « H » ! Elle contient, en dehors des livres et manuels, souvent ses propres petites histoires, ses anecdotes, ses faits divers locaux et régionaux que les manuels scolaires omettent, souvent par ignorance ou insignifiance face à la grande « Histoire » !
Ils sont nombreux ces petits villages, hameaux, communes, … hommes et femmes ayant leur histoire de la guerre … leurs histoires à raconter … ou à oublier !
C’est le cas de Corps-Nuds ! Petit village français de Haute-Bretagne, en Ille-Et-Vilaine, proche de Rennes, dont 99 % des gens ignorent totalement l’existence. Son seul intérêt, en dehors de son nom, une église d’architecture néo-byzantine avec son clocher à bulbe construite par Arthur Régnault, architecte atypique entre 1881 et 1890 : l’église Saint-Maximilien-Kolbe !
Et pourtant 2 événements ont fait sortir momentanément ce bourg de l’anonymat … l’un émotionnel, l’autre à oublier.

© Karaval – Levho – Locus Solus
En 1949, 18 jeunes footballeurs de la commune trouvent la mort dans un accident, de retour d’un match ! Emotion nationale !
L’autre … 7 ans plus tôt …
En 1942 s’y déroulera un de ces épisodes méconnus et oubliés de la Seconde Guerre Mondiale. Pas un fait d’armes, non, une « histoirette » locale, une anecdote diront certains ! Une honte à cacher diront d’autres … surtout si impliquer directement dans ce fait que l’Histoire elle-même n’a jamais relevé.

© Karaval – Levho – Locus Solus
Aujourd’hui, la maman d’Anne Dumas, Hélène, est atteinte d’Alzheimer. Hospitalisée, la maladie progresse et ses instants de lucidité deviennent rares. Lors d’une visite de sa fille, elle lui avoue que son père n’est pas l’homme qui l’a élevée ! Mais elle ne se souvient plus de qui il s’agit ! Une bombe pour Anne qui ne comprend pas !
Qui serait-il alors ? Pourquoi ce mensonge durant tant d’années ? Quel terrible secret se cache-t-il derrière cette révélation au crépuscule de la vie lucide de sa maman ?
Anne entame alors une plongée troublante dans le passé de sa mère afin d’en faire ressurgir ce « père » mystérieux.
Elle remonte à sa jeunesse, en 1942, sous l’occupation allemande, à Paris ! Hélène, jeune fille, rêve de faire du cinéma. Une amie de ses parents travaille comme secrétaire à la Continental Films à Paris ! Société de production cinématographique française créée en octobre 1940 par Joseph Goebbels, Ministre de la Propagande nazie, largement financée par lui, elle est dirigée par le docteur Alfred Greven.
Dès lors, pleine d’espoirs et d’insouciance sur sa démarche, Hélène se présente au bureau de la société … et y croise Rudolf Hans Bauermeister, officier allemand et adjoint d’Alfred Greven. Ce dernier tombe instantanément amoureux de la belle Française et est prêt à « pousser » sa carrière.

© Karaval – Levho – Locus Solus
Sur le plan militaire, l’opération Barbarossa d’Hitler est un échec. Les Russes non seulement contiennent l’avancée de la Wehrmacht, mais réussissent même à la repousser. Mauvais pour le moral du peuple ! Il s’agit par conséquent de masquer ce qui s’annonce comme une débâcle. C’est comme à chaque fois le rôle de la propagande … Joseph Goebbels décide de tourner un petit film semblant prouver que les armées allemandes sont victorieuses et bien accueillies en … Ukraine !
Pour cela, il faut une maison de production, un metteur en scène, des acteurs … et évidemment un décors réel ! C’est ainsi que Corps-Nuds, grâce ou à cause de son église à l’architecture si « slave », est choisi.
Le projet sera tourné par la Continental-Films avec comme metteur en scène une figure connue et respectée des Français : Raimu !
Il s’agira d’une histoire d’amour …
Sa réalité sera-t-elle plus tragique que sa fiction ?

© Karaval – Levho – Locus Solus
Un passé oublié, une héroïne atteinte d’Alzheimer … une passion malheureuse, inavouable en temps de guerre … Des drames humains qui remplissent tellement les petites histoires de la grande Histoire ! Des histoires taboues dont il ne fallait absolument plus parler dans les familles concernées !
Libre adaptation d’un fait historique « oublié » ou « caché », Olivier Keraval s’est néanmoins énormément documenté, renseigné, déplacé avant d’écrire son scénario.
Il expose intelligemment son intrigue guidée par des flashbacks historiques suscitant suspens et retournements. Un voyage dans le passé d’Hélène qui mènera Anne de sa maison natale à Nuremberg en passant par Paris et Corps-Nuds. Elle croisera ces personnalités réelles de l’époque (Alfred Greven, henri-Georges Clouzot, Raimu, Goëbels, …) en quête de vérité, sur elle, sa mère, ce film.

© Karaval – Levho – Locus Solus
Un regard passionnant sur l’influence de l’image dans la guerre, sur ce cinéma « sous contrôle », sur cette Bretagne si stratégique, mais également tellement humain sur cette maladie incurable, dramatique pour les patients … et plus encore pour les proches !
Un graphisme soigné, une mise en lumière recherchée offrent à ce scénario prenant un goût de cinéma.
C’est cet ensemble qui donne à cet album ce petit parfum unique et si émouvant. Une perle !
« Un mythe n’est pas une histoire inventée. Son but est de sauver de l’oubli ce qui a failli être perdu. » (Préface de l’album – Jean-Paul Kauffmann)
Thierry Ligot
Titre : Un Amour de Guerre
Genre : Histoire – cinéma
Éditeur : Locus Solus
Scénario : Olivier Keraval
Dessins / couleurs : Leyho
Nombre de pages : 71
Prix : 16,00 €
ISBN : 9782368332863
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