« - Qui es-tu ? Nomme-toi qu’on te connaisse ! Nous sommes protégés, tu ne peux rien contre nous !
- Qui a dit que je te voulais du mal ?... Je suis juste perdue et je demande mon chemin.
- Où veux-tu aller ? Parle et je te renseignerai.
- Ah, si c’était si simple il y a longtemps que je serais rendue ! Crois-moi, l’endroit où je vais n’est pas facile à indiquer.
- Alors poursuis ta route et marque un détour à la vue de notre village.
- Donne-moi un guide et je m’éloignerai de ton village.
- Je n’ai pas de guide pour toi. Passe ton chemin.
- Et ton jeune apprenti ? Il a l’air assidu à ton enseignement. Je crois qu’il ferait un bon guide. Donne-le moi. Qu’est-ce pour toi un apprenti de plus ou de moins ? »
Kubé et Kana sont deux jeunes enfants. Les jumeaux vivent au fin fond de l’Afrique. Un seul d’entre eux, Kubé, celui né le premier, a le droit d’assister avec son père à la cérémonie destinée à faire revenir les défunts du monde des morts : le repas des hyènes. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Sous la forme d’une hyène géante, un yéban apparaît. L’esprit maléfique qui s’est perdu propose un marché au père et à son fils. Kubé le guide jusqu’où il a besoin d’aller. En échange, il épargne son village. Kana, assistant à la scène, va quitter sa cachette et s’interposer. Aux côtés du yéban-hyène, la quête initiatique du petit garçon à travers la savane va le mener sur des pistes qu’il était loin de penser emprunter.
© Ducoudray, Allag - Delcourt
Aurélien Ducoudray est un scénariste qui ne fait jamais deux fois la même chose, même si le monde soviétique est le décor privilégié de plusieurs de ses histoires. Il nous amène ici en Afrique. Ses personnages ont le point commun d’être amenés sur des routes qui vont les obliger à prendre leurs destins en mains. Ça va être le cas de Kana. Avec Le repas des hyènes, Ducoudray renouvelle et honore le conte africain. La gemellité, l’amour, la paternité, et dans une certaine mesure la décolonisation sont au coeur du voyage. Bien sûr, on ne peut s’empêcher de penser à Kirikou. Celui-ci fait partie intégrante de l’imaginaire collectif, Il est logique qu’il fasse partie des influences, mais l’aventure de Kana et de sa famille a les caractéristiques qui lui sont propres.
© Ducoudray, Allag - Delcourt
Après L’anniversaire de Kim Jong-il paru en 2016, Le repas des hyènes est la deuxième collaboration entre Aurélien Ducoudray et Mélanie Allag. La dessinatrice s’est investie dans le projet jusqu’à sa conception graphique éditoriale. Dans un graphisme polymorphe, Allag passe d’un dessin au crayon à un encrage classique et va jusqu’à la technique de la carte à gratter. Elle rend hommage à une bande dessinée africaine injustement méconnue en Europe. On retrouve dans certaines de ses planches ce type de dessins aux abords du naïf typique d’une culture proche de la nature, de la terre, des animaux.
© Ducoudray, Allag - Delcourt
On ne peut s’empêcher de penser à Kirikou : l’Afrique, l’enfance, la magie des griots. Les hyènes du Roi Lion auraient aussi pu s’inviter à la fête. Mais l’histoire de Ducoudray et Allag est d’une originalité complète. Avec une couverture mystérieuse et magnifique, Le repas des hyènes démontre qu’il est possible d’innover en respectant une culture empirique.
Laurent Lafourcade
One shot : Le repas des hyènes
Genre : Fantastique
Scénario : Aurélien Ducoudray
Dessins & Couleurs : Mélanie Allag
Éditeur : Delcourt
Collection : Mirages
Nombre de pages : 112
Prix : 19,99 €
ISBN : 9782413002116
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