« - Je vous dis d’arrêter ! Ce procès ne sert à rien. Je suis déshonoré, tuez-moi.
- Donc, vous avouez votre crime ?
- Pas du tout. Je n’ai rien fait. J’ai été bête, c’est tout. Mais si je n’avais pas manqué de vigilance, le trésor serait encore là.
- Mesdames et messieurs les jurés, gardez en mémoire que nous parlons d’un trésor symbolique. Il n’est question que d’une semaine de recettes de la compagnie des remonte-pentes. Si j’en crois la déclaration du coupable, on est en train de faire un drame pour moins de quatre livres de pièces d’argent et peut-être une dizaine de gemmes.
- Et un meurtre ! »
An 83 de l'ère du Bien, le nain Burrato est accusé d’avoir volé de l’or. Le procès tourne en mascarade. Le nain se rebelle et s’enfuit en sautant par la fenêtre. Il n’a qu’une idée en tête : retrouver son cousin Mozzarello, véritable auteur du larcin. Au cœur d’une forêt sombre et impénétrable, bravant mille dangers, Burrato cherche à retrouver le responsable de ses avanies. Au gré de ses rencontres, il constitue son commando. Mais attention, le chaos est aux portes de l’empire du bien.
© Sfar, Keramidas, Walter - Glénat
Il a suffit d’un post innocent, un dessin de barbare de Nicolas Keramidas sur le net pour qu’une conversation s’engage entre Joan Sfar et lui. Très vite, les deux compères s’engagèrent dans la création d’une nouvelle histoire d’Heroïc-Faantasy. Le challenge était de taille. Le genre étant depuis des années surexploité pour le meilleur et pour le pire, il fallait arriver à se démarquer. Burrato est une sorte de Conan. Il n’a aucune pitié mais est également sensible à une certaine justice. Il est capable de s’émouvoir. Il protègera les plus faibles mais sera intransigeant avec ses ennemis. On ne réfléchit pas quand il faut tuer !
Loin de A cœur ouvert, ouvrage exceptionnel, intime mais pas intimiste, dans lequel Keramidas se confiait sur sa maladie cardiaque, le dessinateur méritait bien une récréation. Avec Commando Barbare, il s’en donne à cœur joie. Dans un trait plus épais que celui qu’on lui connaît habituellement, Keramidas démarre une saga à la « Livre dont vous êtes le héros ». De nombreuses cases pleines pages chapitrent le récit, comme des couvertures de Comics.
© Sfar, Keramidas, Walter - Glénat
Pour ceux qui penseraient ou désireraient lire une nouvelle version de Donjon, ils se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Ni dans le ton, ni dans la forme, l’histoire n’y ressemble. Outre la diversité des thèmes abordés, allant de l’exclusion à la tolérance, Sfar adopte un style de narration qui est assez inédit et déroutant au départ. La voix off de Burrato est déconcertante au début et il faut plusieurs pages pour s’y habituer. Une fois le principe assimilé, on accepte facilement cette « règle du jeu ». Avec Affikoman le ver de farine, Sfar joue avec le lecteur comme s’il le voyait ce qui vaut quelques dialogues hilarants.
Quand Sfar s’engage dans un nouveau projet, il ne fait pas les choses à moitié. C’est à croire que le scénariste ne sait pas écrire de simples scénarii sans créer d’immenses univers. Celui de Commando Barbare débute avec cet album, se complète avec un roman illustré autour du cousin Mozzarello et se poursuivra par un jeu de rôles.
© Sfar, Keramidas, Walter - Glénat
L’album se clôt par l’explication du concept de la série, des interviews des auteurs, ainsi que les coulisses de la création. Le Commando Barbare n’a pas fini de nous éclabousser de giclées d’aventures.
Laurent Lafourcade
Série : Commando Barbare
Tome : 1 - Burrato le vertueux
Genre : Heroïc-Fantasy
Scénario : Joann Sfar
Dessins : Nicolas Keramidas
Couleurs : Walter
Éditeur : Glénat
Nombre de pages : 128
Prix : 19,95 €
ISBN : 9782344041277
©BD-Best v3.5 / 2024 |