Un grand morceau de tendresse. Le p’tit bout d’chique - Intégrale
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Un grand morceau de tendresse.  Le p’tit bout d’chique - Intégrale

 

« - Hé !!?... La porte du grenier s’est ouverte !?

- P’tit bout de chique !!?

- … Oh !? C’est drôle ! On dirait qu’… Qu’on m’appelle ?! Il… Il y a quelqu’un ?...? Personne ?! Pourtant… J’ai bien entendu…? Papa a peut-être bien raison… Je lis trop de bandes dessinées !... Quel bazar, ici !... »

 

 

 

 

 

 


 

 

 

                Le p’tit bout d’chique a entendu du bruit dans le grenier familial. Y a-t-il des souris dans le tiroir de l’armoire ? L’enfant l’ouvre et trouve le premier numéro du journal de Spirou. Le magazine appartenait à son père, le même qui vient de punir son fils parce qu’il lisait des illustrés au lieu de faire son devoir de calcul. Il le lui a dit. A force de lire ces imbécillités faites par des débiles, des idiots et des dégénérés, on n’apprend rien et on devient fou. Soudain, dans le grenier, apparaissent Spirou, « le » Spirou d’origine créé par Rob-Vel, et les Tif et Tondu de Fernand Dineur. Sont-ils vraiment réels ? L’imagination du p’tit bout d’chique est-elle plus forte que tout ? C’est bien sûr la deuxième question qui entraîne une réponse affirmative. Ainsi est définit ce petit bonhomme de huit ans créé par Walthéry : un gamin de la campagne des années 50, proche de la nature, rêveur, émerveillé ou affolé par un rien, un poulbot des champs, un manneken des villages.

 

 

 

 

 © Walthéry - Editions du Tiroir

 

 

                Le p’tit bout de chique, c’est un peu Walthéry quand il était petit. Cette série est certainement sa plus personnelle, la plus tendre, empreinte de nostalgie, mais pas de regrets, respirant le temps où l’on avait le temps, où l’on prenait le temps. Le gamin s’amuse comme il peut, avec un rien. Il est fleur bleue, tombe facilement amoureux, comme de cette petite fille qui habite non loin de l’école. Il se fait mener par le bout du nez par Martine, la copine blonde autoritaire. Mais dans son cœur, il y a avant tout sa maman. Son papa est plus distant, colérique, mais rien ne remplace une partie de pêche avec lui. L’enfant est aussi proche des animaux. Il est prêt à casser sa tirelire pour innocenter une chèvre gourmande, et gare à celui qui tentera d’empoisonner un chaton !

 

 

 

 

 © Walthéry - Editions du Tiroir

 

 

                Les éditions du Tiroir remettent à l’honneur une œuvre majeure de François Walthéry comportant, entre autres un récit fondateur pour les amateurs de BD franco-belge : Le tiroir, dont il est question en début de chronique. Ce n’est pas une simple histoire courte, c’est un bijou qui cible le cœur du lecteur, c’est un écrin de bonheur pour quiconque a tenu dans sa main un jour dans sa vie un numéro du journal de Spirou. Une deuxième pépite brille avec l’histoire La balade du p’tit bout d’chique, dans laquelle il rend visite à sa marraine en ville. Chaque enseigne, chaque néon, chaque devanture de magasin est au nom d’un des auteurs de Marcinelle : Peyo, Hubinon, Will, Tacq, Azara, Derib, Roba, Macherot, Franquin, Fournier et tant d’autres que l’on peut s’amuser à retrouver. On y verra que la civilisation ne rassure pas vraiment notre héros à l’écharpe jaune. Et que les fans de Natacha se rassurent, Walthéry a également pensé à eux.

 

 

 

 

 © Walthéry - Editions du Tiroir

 

 

                Cette intégrale comporte trois albums signés Walthéry… alors qu’il n’en avait publié que deux chez Marsu Productions au début des années 90. Outre les recueils Le p’tit bout de chique et Bout à bout, ce dernier étant scénarisé par Serdu, on trouve un inédit en album Le p’tit bout de chique en vacances. Mais, Mittéï n’a-t-il pas dessiné un album de ce titre ? La réponse est oui et non. Dans ces quarante-cinq planches de Walthéry, on trouve une histoire de colombophiles (clin d’œil au Vieux bleu), Les joyeuses colonies de vacances (salut Pierre Perret), Le p’tit bout d’chique gagne le tour de France (où il ne manque que le Fantasio de La mauvaise tête) et Bravo la costa, qui est la fameuse histoire Le p’tit bout de chique en vacances, jadis dessinée par Mittéï dans l’album éponyme. Le dessinateur ayant pris des libertés par rapport au scénario, Walthéry, assisté de Jean-François de Marchin comme depuis le tome 2, a voulu redonner son dynamisme et son humour au récit de Michel Dusart, trop rigidifié par le trait de Mittéï, avec tout le respect que l’on doit à ce second couteau de grand talent.

 

 

 

 

 © Walthéry - Editions du Tiroir

 

 

                Cette belle intégrale ne serait pas complète sans un instructif dossier introductif signé Jean-Luc Dieu. On en apprend plus sur la genèse du personnage, sur les débuts de son créateur et son apprentissage aux studios Peyo. S'y ajoutent des entretiens avec Dusart, De Marchin et, évidemment, Walthéry. On découvrira que cette intégrale était prévue chez Dupuis avant que la maison n’abandonne le projet pour le plus grand bonheur des excellentes éditions du Tiroir, éditeur qui publie aussi de nouvelles histoires avec la saveur de celles que l’on pouvait lire avant, preuve en est leur magazine L’aventure.

 

                « Madame Bovary, c’est moi ! », disait Flaubert. « Le p’tit bout d’chique, c’est moi ! » peut enchaîner Walthéry.

 

Laurent Lafourcade

 

 

 

 

 

 

 

One shot : Le p’tit bout d’chique  

 

Genre : Aventures au coin de la rue

 

Scénario : François Walthéry, Michel Dusart & Serdu

 

Dessins : François Walthéry & Jean-François de Marchin

 

Participation aux Décors : Serdu & Jean-François de Marchin 

 

Couleurs : Alice Van Linthout

 

Éditeur : Editions du Tiroir

 

Nombre de pages : 164

 

Prix : 30 €

 

ISBN : 9782931027196

 



Publié le 26/11/2020.


Source : Bd-best

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