Un pape dépravé
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Un pape dépravé

Rome. 1503. Le pape Alexandre VI, Rodrigo Borgia, meurt empoisonné par le cardinal Giuliano della Rovere qui réussit par des manœuvres diaboliques à lui succéder sous le nom de Jules II, homosexuel notoire. Jules II a jeté son dévolu sur le bel Aldosi qui fornique en cachette avec un valet d’écurie. Aldosi parvient à obtenir d’une sorcière un élixir  qui rendra le pape amoureux de lui. Et, effectivement, le plan se déroule comme prévu. Jules tombe amoureux fou de son amant qui n’a qu’un seul désir : celui d’être reconnu officiellement comme la compagne du pape. Jules présente donc Aldosi à sa famille dégoûtée. Résultat : son amant est tué avec son valet. Jules convoque alors tous les membres de sa famille pour un souper de réconciliation. Mais, dans le gâteau, il y a un témoin du drame qui désigne les coupables. Lesquels sont derechef empoisonnés. Pour sortir Jules de son humeur maussade, Machiavel lui propose d’aller guerroyer à Bologne. Il envoie des émissaires qui se font massacrer. De rage, il part en guerre avec sa garde suisse composé de ses mignons et, par un stratagème machiavélique, obtient la victoire. Jusqu’où ira-t-il dans sa soif de conquêtes ?

 

 

 

Choquant

Alejandro Jodorowsky poursuit dans la veine des Borgia mais propose un opus adouci par rapport au volume 1 où tout n’était que fornication, empoisonnement, duperie, lâcheté. On sait qu’il tire à boulets rouges sur l’Eglise et ses représentants dans l’Histoire. Mais, il prend de grandes libertés par rapport à la réalité historique. On voit ainsi Jules II faire l’amour à Michel-Ange, lui faire construire un mausolée et l’abandonner du jour au lendemain. S’il ne faut pas laisser cet opus entre toutes les mains, il n’en est pas moins vrai que Jules II mérite son surnom de pape terrible allant jusqu’à empoisonner tout sa famille. Toutefois, on ne peut s’empêcher de se passionner pour les ruses et turpitudes de ce véritable malade mental. Il nous offre le mode d’emploi parfait à l’usage de celui qui veut se débarrasser de son ennemi. Corruption, népotisme, copulation sont les mamelles d’un pontificat souillé par le sang de ceux qui s’opposent au tyran. Mais, si on compare la série Borgia avec Manara et celle-ci, le propos de Jodorowsky paraît moins choquant. Car, c’est dans un registre de provocation que le scénariste veut mener son histoire, sans concessions. On dira du graphisme de Theo qu’il sert à merveille le récit. Que ce soit dans l’évocation des mœurs libidineuses du pape ou dans les guerres que ce dernier a menées. Les couleurs sont pour beaucoup car elles créent une ambiance fétide, le goût du sang ou du sperme. Laissons Jules II clôturer : « En politique, l’honnêteté et la vertu sont pernicieuses ».

Un album passionnant et fougueux pour public averti…

Marc Bauloye

Le pape terrible T2 Jules II Théo Jodorowsky Delcourt



Publié le 17/08/2011.


Source : Graphivore

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