Un peintre de la BD: l'illustre Enrico Marini...
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Un peintre de la BD: l'illustre Enrico Marini...

Auteur à part entière, Enrico Marini est d’abord un fabuleux dessinateur dont la carrière s’est enrichie au fil des années. Ce qui le rend exceptionnel, c’est sa façon de peindre ses dessins à même la planche. Cette technique lui permet de créer des atmosphères chaudes et vivantes particulières à son style.

Un journaliste, un routier, un justicier...

Marini a étudié le graphisme à l'Ecole des Beaux-Arts de Bâle. A cette époque, son trait est influencé par les mangas et il admire Otomo, Hermann et Moebius. Il commence, en 1990, à dessiner Olivier Varèse qui aura plusieurs scénaristes différents (Marelle, Smolderen et Pop). Ce héros chasse le scoop pour faire éclater la vérité, tout en n’étant pas insensible au charme féminin. A redécouvrir... En 1993, il entame la série Gipsy avec le scénariste Thierry Smolderen. Gipsy est un routier indépendant, un gitan au grand cœur, surtout quand il s’agit de protéger sa sœur. Il plaît aux femmes et règle ses comptes à coups de fusil à pompe. Par ailleurs, la rencontre avec sa sœur sera un véritable choc de cultures. Futuriste, Gipsy propose des scènes d'action époustouflantes, des femmes somptueuses et des moments grandioses (notamment avec l'avènement d'un nouveau Tsar). Marini rencontre le scénariste Stephen Desberg en 1996 pour un très bon diptyque, L’Etoile du désert. Cela ressemble à un western, mais ce n’est qu’un décor pour un récit intime. C’est l’histoire d’un haut fonctionnaire (le sosie de Sean Connery) qui découvre que sa femme et sa fille ont été assassinées. Il abandonne tout pour se venger et pour trouver un sens à sa vie. Sauvagerie, sensualité, ce récit captive les sens et l’esprit.

Les vampires mènent le bal !

En 1998, Marini se laisse charmer par Jean Dufaux pour une série, Rapaces, mettant aux prises des vampires (Drago et Camilla) et des policiers (Vicky Lenore et Spiaggi). Vicky enquête sur un tueur qui laisse sur les lieux de ses crimes le message suivant: «Votre règne s’achève». Le père de Drago était le seul à s’opposer au changement vis-à-vis des humains. Mais, aujourd'hui, les vampires sont devenus mortels. Drago et Camilla accomplissent une vengeance. Et, ils luttent en même temps contre d'autres vampires. Inceste, lesbianisme, duels insoutenables, tel est le menu de Rapaces. Cette fois encore, Marini se surpasse et captive un public plus adulte. Et, Dufaux sait clôturer une série avec panache. Il existe un Hors-Série de Rapaces qui offre des croquis et des dessins superbes en même temps que des documents inédits. En 2007, Marini se lance dans le scénario avec Les Aigles de Rome tout en assurant le dessin. Le premier épisode met en place les protagonistes dans la Rome antique (11ème siècle avant JC). Un jeune barbare, Ermannamer, fils de prince, otage, est envoyé à Rome pour y être formé. Il va y vivre une relation de haine et d'amitié avec Marcus, le fils de Titus. Il est pressenti comme sauveur de la Germanie. La suite est attendue avec impatience. Mais, en 2000, Marini a retrouvé Stephen Desberg pour Le Scorpion et pour une longue aventure.

Une marque d’infamie !!!

XVIIIème siècle à Rome. Le cardinal Trebaldi complote pour redonner aux neuf familles les plus influentes d’Italie leur lustre d’antan. Il souhaite ainsi renforcer le pouvoir de l’Eglise et surtout le sien. Armando Catalano, lui, porte sur le corps une marque d’infamie, celle d’un scorpion (dont il adopte le nom) parce que sa mère a été brûlée vive pour avoir aimé un homme d’Eglise. On ne sait pas l’identité de cet homme qui a laissé mourir la femme qu’il aimait après lui avoir donné un fils. Aujourd’hui, Armando fait le trafic d’objets saints et conteste l’autorité de Trebaldi. C’est un expert en archéologie. Il plaît aux femmes et ne se prive pas d’en profiter. Trebaldi charge une jolie et sulfureuse gitane, Méjaï, d’empoisonner Le Scorpion (La marque du diable). Sauvé par un antidote, Armando revient du royaume des morts. Trebaldi a demandé à ses moines guerriers (dont le chef est le mystérieux Rochnan) de tuer le pape. Le Scorpion vole des documents à Trébaldi relatifs au procès de sa mère. Il pense qu’il est le fils du pape. Mais ce dernier est assassiné par un prêtre défroqué (Le secret du pape).

Une croix, objet de toutes les convoitises…

Dans son enfance, Armando a été sauvé et élevé par son grand-père. Aujourd'hui, il veut empêcher Trebaldi de se faire élire pape. Il le dénonce devant la foule comme l’assassin du pape. Puis, il est capturé par les moines guerriers de Trebaldi sur dénonciation de Méjaï. Trebaldi veut se servir de la croix de Saint Pierre pour être élu pape et il montre aux cardinaux une fausse croix. Après moulte palabres, Trebaldi est élu pape. Les cardinaux opposés à ce tyran pensent que seul Le Scorpion peut retrouver la vraie croix et destituer Trebaldi En effet, Saint Pierre n’est pas mort à Rome (La croix de Pierre). Armando essaie en vain d’empêcher Trebaldi de tuer le cardinal Javeloy. Avant de mourir, ce dernier envoie Le Scorpion dans l’Empire ottoman chercher la vraie croix de Saint Pierre. Au moment d’embarquer avec Mejaï et le Hussard, son ami, Le Scorpion reçoit de l’aide d’Ansea Latal, une jeune rousse séduisante et ambitieuse. Le Scorpion retrouve un manuscrit qui évoque la croix renversée et l’endroit où elle se trouve, en Cappadoce. (Le Démon au Vatican).

Le trésor des Templiers…

En fuite, Le Scorpion et Méjaï retombent dans les mains de Rochnan, mais une attaque de pillards leur permet de s’échapper. De son côté, Ansea a entrepris des fouilles. Méjaï tombe sous le charme du Scorpion (qu’elle aime et déteste à la fois) avant de s’enfuir. Tous sont à la recherche d’un chevalier teutonique et d’un sanctuaire sacré. Tous s’y retrouvent mais la croix semble avoir été emmenée par les Templiers et sa découverte pourrait mener au trésor des Templiers (La vallée sacrée). La croix de Saint Pierre a été détruite dans les entrailles de Saint-Serrac, une forteresse des Templiers en Palestine. Et avec elle, disparaît toute chance de prouver que le cardinal Trebaldi a été élu pape par la grâce d’une supercherie. Avant de tomber au fond d’un gouffre, après un duel féroce, Rochnan, l’homme marqué par la torture des ottomans, révèle au Scorpion que pour confondre Trebaldi, il doit chercher du côté de sa mère (Le trésor du temple). Pendant que Trebaldi fait règner la terreur à Rome, Le Scorpion mène son enquête sur le procès de sa mère. Son péché: avoir séduit un homme d’Eglise. Le Scorpion apprend enfin le nom de celui qui aurait dénoncé sa mère. Cette personne serait son propre père, et non le défunt pape comme il l’avait cru. Le Scorpion tombe dans les bras de Méjaï. Puis, il réussit à rencontrer Trebaldi pour savoir toute la vérité. Pourquoi son père a-t-il dénoncé la mère de son enfant ? (Au nom du père).

L’épisode de trop !!!

Le Scorpion délivre ses amis emprisonnés par les moines guerriers, puis, en apprend davantage sur le passé et sur sa mère. Ensuite, lassé, il pense à quitter le pays avec Méjaï. Pendant ce temps, Anséa et son père reçoivent Nelio Trebaldi, le frère du pape, pour une réconciliation. Comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu, l'ancienne femme du Scorpion, Marie-Ange, refait surface pour tenter de le séduire à nouveau. Nelio se joint au Scorpion pour chasser des truands. Comme tous, il convoite l'or qui doit payer les moines guerriers. Méjaï s'en prend à Marie-Ange qui veut lui voler son amant. L'or arrive, mais Le Scorpion n'est pas loin (L’Ombre de l’Ange). C'est hélas ce qu'on appelle un épisode bouche-trou. Il ne reste qu'une seule question sans réponse, «Pourquoi le père d’Armando a-t-il dénoncé sa mère ?». Le reste, c'est du remplissage. Si le dessin est une merveille, on ne peut pas en dire autant du scénario pendant toute la série: actions inachevées, dialogues parfois décousus... Il semble que Desberg ait réalisé un épisode de trop. Il faut savoir achever une histoire... Seule bonne habitude, les résumés de l’épisode précédent en introduction de la nouveauté. Il n'en reste pas moins que Le Scorpion est une véritable fresque historique et une reconstitution fidèle tant par les décors que par les costumes. Malgré tout, les fans de la série seront sans doute déçus par ce dernier opus.

Le Scorpion a-t-il existé ?

A noter qu'en 2007, Desberg nous a gratifié d'un Hors-Série: Le Procès Scorpion. L'inquisiteur Lübeck est chargé d'instruire le procès d'Armando. Il veut tout savoir sur son passé. Il interroge tour à tour le Hussard et la gitane. Vient ensuite l'historique de la famille Trebaldi. Puis, la même question à Nelio, le frère du pape: pourquoi le père d'Armando a-t-il dénoncé la femme qu'il aimait ? Là, c'est un peu du réchauffé. L'inquisiteur pose deux hypothèses: si le Scorpion est le fils du diable, il mérite l'enfer; aussi non, c'est un héritier potentiel de sa famille. Après avoir découvert un dossier sur Armando enfant, l'inquisiteur est exécuté tandis que Nelio et Le Scorpion s'affrontent en duel. Divers historiens reconnaissent l'existence du Scorpion comme amant (recueil de souvenirs galants 1821) et comme collectionneur d'art antique (Le matin des découvreurs 1911). Un SS se serait servi des notes du Scorpion pour localiser le château de Saint-Serrac. Enfin, Armando aurait joué un rôle déterminant dans la quête du tombeau de Saint Pierre. Desberg a sans doute voulu donner de l'authenticité à son héros, mais ce n'est guère probant. Heureusement, Marini illustre cet ouvrage avec maestria.

Marc Bauloye

Le Scorpion T8 L'Ombre de l'Ange Marini Desberg Dargaud

Toutes images © Dargaud-Marini 2008

 

 



Publié le 27/11/2008.


Source : Marc Bauloye

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