« - Quoi ? Il en manque six ? Ah mais ! Cette histoire commence à me schtroumpfer sur les nerfs ! Et bien sûr, ils ne sont pas au village. Je parie qu’ils sont tous dans les bois !
- Ils arrivent, Grand Schtroumpf !
- On va tout vous expliquer, Grand Schtroumpf !
- On a schtroumpfé un jeu…
- Et on s’amusait tellement que…
- Oui, je sais. Vous n’avez pas vu schtroumpfer le temps ! »
Mais pourquoi donc des Schtroumpfs manquent-ils régulièrement à l’appel au repas du soir ? Le Grand Schtroumpf est inquiet, mais ils finissent toujours par rentrer. Après une filature, le Schtroumpf à lunettes découvre le pot aux roses. Les fugueurs se retrouvent au cœur d’un arbre creux pour regarder une grande plaque de cristal, les yeux équipés de lunettes spéciales. Mais l’instrument de loisir n’est pas anodin. C’est encore une manigance de Gargamel, aidé par le sorcier Occultus, pour soutirer de l’or aux victimes qui en deviendront addicts.
Qui aurait cru qu’un jour les Schtroumpfs auraient pu traiter du thème si actuel de l’addiction aux écrans ? Sans dévoyer la série, en restant fidèle à ses poncifs, les scénaristes Alain Jost et Thierry Culliford ont réussi l’exploit d’aborder le sujet, à mille lieues de l’univers moyenâgeux. Par le biais des incantations d’un sorcier malfaisant, les Schtroumpfs se trouvent fascinés par une tablette leur faisant vivre leurs rêves les plus fous. Mais les auteurs n’en restent pas là. Les lutins bleus sont rackettés par leur nouveau jouet qui leur réclame des pépites d’or s’ils veulent continuer à l’utiliser. Cela fait furieusement penser à ces jeux en apparence gratuits mais dont les options payantes sont nécessaires pour pouvoir en profiter pleinement. (Non, on n’a pas parlé de Fortnite…) Même le Grand Schtroumpf va se trouver en difficultés.
Jeroen de Coninck est entré aux studios Peyo en 1991. Il a un paquet de Schtroumpfs au compteur. C’est le quatrième qu’il réalise en duo avec Miguel Diaz après Schtroumpf le héros, Les Schtroumpfs et le demi-génie et Les Schtroumpfs et le dragon du lac. Les deux compères travaillent dans une symbiose parfaite. Autant les Schtroumpfs que Gargamel (ce qui n’a pas été évident pour tous les successeurs) sont d’une maîtrise totale. Si on devait pinailler, le mage Occultus tire plus du graphisme des dessins animés que du pur trait de Peyo. Albine la corneille blanche est elle dans le moule. Qui plus est, elle offre à ce pauvre Azraël un rôle se souffre-douleur dont il se serait bien passé.
Les Schtroumpfs et la machine à rêver joue un double rôle : celui de retrouver avec un plaisir constant des personnages mythiques, et celui de traiter en famille du thème des addictions au numérique.
Peyo peut se reposer en paix, la série est en de bonnes mains.
Laurent Lafourcade
Série : Les Schtroumpfs
Tome : 37- Les Schtroumpfs et la machine à rêver
Genre : Aventure humoristique
Scénario : Jost & Culliford
Dessins : De Coninck & Diaz
Couleurs : Studio Nine Culliford
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 48
Prix : 10,95 €
ISBN : 9782803673131
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