« - Corinne m’a raconté, c’est toi qui recherches ton père ? ‘paraît que tu as des photos ? Montre-moi… Lui, jamais vu ! Mais l’autre, si c’est ton père, c’est un salopard… Un putain de salopard ! Il était connu sous le nom de Mermoz.
- Mermoz, comme l’aviateur ?
- Ouais ! Sauf que lui, c’est pas du courrier qu’il transportait entre ici et la Guyane… Plutôt des trucs pas très catholiques…
- Alors il pilotait des zincs…
- De toute façon, si c’est ton père, il est mort depuis longtemps…
- Mort ? Mais comment ? »
La mère de Max vient de décéder. Il vient de débarquer en Amazonie où il a passé les trois premières années de sa vie avec deux photos de son enfance sur lequel il est avec sa mère, et un homme différent sur chacune d’entre elles. L’un d’eux est certainement son père. Mais lequel ? Accueilli par trois filles qui travaillent sur place, il va mener son enquête jusqu’aux tréfonds de la forêt amazonienne.
© Loisel, Pont, Lapierre - Rue de Sèvres
Bien que le « héros » Max soit un homme, bien avant le #MeToo, les femmes tiennent la dragée haute dans les seventies du temps de cette histoire. Corinne a des mœurs très libérées. Sa vie est un jeu qu’elle a pris en main et dont elle maîtrise le parcours. Elle est serveuse au « Toucan ». Charlotte et Christelle sont deux infirmières arrivées en Amérique du Sud pour tenir un dispensaire en pleine cambrousse. Elles vont avoir fort à faire et se trouveront mêlées bien malgré elles dans une affaire de réseau de prostitution avec de filles du pays et des ouvriers de chantiers. Dernière femme de premier plan du récit et non des moindres puisqu’elle est celle qui a les honneurs de la couverture avec Max, Baïa, jeune brésilienne muette, est la locale de l’étape. Elle va être le fil d’Ariane du français à travers la forêt.
Olivier Pont rêvait d’une histoire en Guyane où il avait voyagé. Son idole Loisel l’embarque au Brésil, dont la géographie permettait des développements scénaristiques plus larges. Le trait hyper dynamique du dessinateur correspond parfaitement à l’univers Loisel. Avec moins d’épaisseur que celui de son maître, les personnages de Pont se fondent dans la forêt inextricable dépeinte avec autant de talent que l’aurait fait Loisel lui-même.
© Loisel, Pont, Lapierre - Rue de Sèvres
Décidément, Loisel réussit un nouveau coup de maître. Le roi Midas du neuvième art, c’est lui. Encore une fois, il signe une histoire addictive, un livre qu’on ne peut refermer avant de l’avoir terminé avec un final sur un cliffhanger de haut niveau.
Les couleurs de François Lapierre sont elles aussi dans les tons de l’univers du créateur de La quête de l’oiseau du temps. Ses lumières traversent la canopée dans les scènes en forêt. Sur les pistes, le coloriste fait soulever la poussière. On peut juste regretter que, sur certaines cases, l’ombrage de certains plans pour mettre en exergue la scène principale prenne le pas et estompe le trait d’Olivier pont.
© Loisel, Pont, Lapierre - Rue de Sèvres
Le tome 1 de cette nouvelle série s’intitule Isabel. Personne ne s’appelle comme cela. Est-ce la mère de Max ? A bien y penser, il y a aussi un personnage qui apparaît en fin d’album et qui ne porte pas de nom. Serait-ce elle ? On ne peut en dire plus sans dévoiler une part du mystère.
Laurent Lafourcade
Série : Un putain de salopard
Tome : 1 - Isabel
Genre : Aventure
Scénario : Loisel
Dessins : Pont
Couleurs : Lapierre
Éditeur : Rue de Sèvres
Nombre de pages : 88
Prix : 18 €
ISBN : 9782369816720
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