« - Tu crois que nous l’avons semé ?
- Pour le moment. Mais ne te mets pas à rêver qu’il abandonnera pour autant notre traque.
- Où sommes-nous ?
- Personne n’a jamais fait de carte de l’enfer. Nous sommes parvenus à nous évader des prisons souterraines où sont retenus les pires damnés. Mais la misère et le désespoir de cet endroit n’ont pas de limites. Nous ne pouvons que chercher… une issue à notre malheur. »
Pour commencer, Ian McGilles est mort. Pas de chance, le mercenaire américain au service d’une société secrète manipulant les esprits sur les terrains d’opérations militaires s’est réveillé en enfer. Ici, il a le choix entre la souffrance et le désespoir, la douleur ou la terreur, le feu ou la lave, le désarroi infini ou l’agonie perpétuelle. Quiconque refuse d’obéir à un ordre s’expose aux foudres de l’équarisseur et à ses chiens maudits. Ian McGilles va rapidement rencontrer des compagnons d’infortune, certains croupissant chez Satan depuis des siècles et des siècles. Locuste a empoisonné Claude et Britannicus il y a 2000 ans. Isabelle de Castille a mené l’Inquisition espagnole six siècles auparavant. Ian côtoie également le célèbre Jack l’éventreur, un criminel nazi et une pirate travestie. Tous ont les mains ensanglantées, plus qu’ensanglantées. Ensemble, ils vont tenter de s’évader, mais l’équarisseur n’a pas l’intention de les laisser filer. Les déserteurs vont croiser la route d’une caravane dans laquelle se trouve une femme-oiseau en cage. C’est Volage. Qui aurait cru qu’il y ait de l’amour dans un monde de ruines et de cauchemar ?
© Sandoval, Desberg - Daniel Maghen
Stephen Desberg a déjà prouvé qu’il était capable de sortir des sentiers battus de la série traditionnelle. Le scénariste du Scorpion et d’IRS l’a démontré dès les années 90 avec Le jardin des désirs avec Will et plus récemment avec Les anges Auschwitz et Aimer pour deux dessinés par Emilio Van Der Zuiden. Volage nous amène vers un côté obscur, théologique. Dans un enfer tout ce qu’il y a de plus sombre, la mort est tout sauf une libération. Les visiteurs n’ont jamais fini d’agoniser. McGilles et ses compagnons d’infortune ont conscience de ce qu’ils méritent, reconnaissent leurs péchés. Ils ne réclament pas une rédemption mais cherchent juste une évasion. Dans ce monde de dévastation, Desberg introduit un élément démontrant que dans toute situation, aussi désespérée soit-elle, il y a une lueur d’espoir. L’amour est plus fort que la mort.
© Sandoval, Desberg - Daniel Maghen
Au dessin, Tony Sandoval peint un enfer pavé de mauvaises intentions. Entre démons redoutables et corps décharnés, entre monstres impitoyables et bêtes immondes, Sandoval navigue dans les tons sombres et charbonneux réhaussés par un sanglant rouge-orangé d’une violence brulante. La libération des animaux fantastiques est imposante. Si l’équarisseur est effrayant, attendez-vous à pire avec le démon des origines. Sandoval est le Francisco Goya du Neuvième Art.
© Sandoval, Desberg - Daniel Maghen
Si cette chronique des enfers peut au premier abord paraître noire et déprimante, les auteurs en font une œuvre à message, une geste chevaleresque, une ode à l’amour. Ça peut paraître étonnant mais ce serait presque rassurant.
Laurent Lafourcade
One shot : Volage - Chronique des enfers
Genre : Fantastique
Scénario : Stephen Desberg
Dessins & couleurs : Tony Sandoval
Éditeur : Daniel Maghen
Nombre de pages : 140
Prix : 25 €
ISBN : 9782356741042
©BD-Best v3.5 / 2024 |