Visite dans l'atelier de Pat Perna
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Visite dans l'atelier de Pat Perna

Dans le cadre de notre nouvelle rubrique consacrée aux reportages dans les ateliers d'auteurs, notre globe-trotter-reporter s'y est collé et s'est fendu (la poire) de visiter celui de Pat Perna, un scénariste touche à tout à l'humour bien savoureux. Il nous a ouvert ses portes avec un accueil exceptionnel et convivial. Partons à la découvertes d'anecdotes sur le Joe Bar Team, les tuning maniacs, paddock, camping car globe trotter, Monique et Robert mais surtout sur la carrière et les techniques de travail d'un bien sympathique créateur de bulles.

 

 

 

 

 

Parlons d'abord de ta carrière pour ceux qui n'ont pas encore eu la bonne idée de s'y intéresser. Tu es passé du monde de la presse pour te plonger dans le monde de la BD. Pourquoi ce choix ?

Ma carrière ? sans rire ?...haem…bon….J’ai effectivement été journaliste pendant une quinzaine d’années. Je bossais pour des journaux automobiles mais j’étais plus spécialisé dans les reportages sur le Rallye Raid. J’ai eu la chance de couvrir plusieurs fois le Paris Dakar ce qui était pour moi un rêve de gosse à l’époque où ce genre de course étaient encore éthiquement acceptable (aujourd’hui ce serait inenvisageable pour moi…). Puis je suis devenu Rédacteur en chef. Là, les choses sont devenues nettement moins rigolotes. C’est un autre boulot…rester derrière un bureau, diriger des équipes… Un moment donné j’ai même commencé à me prendre  au sérieux. Du coup, j’ai décidé de tout arrêter pour redevenir un gamin écervelé. Cela fait donc cinq ans que je fais de la BD a temps plein…        

 

 

Skud fut une bonne expérience ?

Ce fut une expérience incroyable dans la mesure ou c’était ma première BD et que j’en rêvais depuis tant d’années !! Du coup, avec Stéphane nous étions totalement désinhibé et rien ne nous faisait peur : On osait tout. On se prenait pour des Auteurs de Bédé. Avec le recul, je m’aperçois que l’on s’attaquait carrément à l’Himalaya en Tongues, avec l’insouciance de nos vingt piges… Mais c’est ce qui donne à Skud ce petit supplément d’âme je trouve.

On dit de toi que tu es un scénariste rapide et prolifique, d'ou tires-tu cette énergie et cette inspiration ?


Heu vraiment…tu es sûr de ça ?? qui peut donc bien dire une ânerie pareille… en comparaisons de mes petits camarades scénaristes, je suis une vraie limace. J’écris en moyenne quatre scénarios par an, ce qui est déjà énorme pour moi… mais bon, comme c’est du gag, on peut dire que c’est multiplié par 44 à chaque fois, donc du coup, je fais illusion. Non, en réalité je suis tout sauf prolifique. Comme tous les anxieux, j’ai besoin d’accumuler pour me rassurer ce qui n’est pas toujours une solution j’en conviens et m’a emmené parfois à signer des bouquins dont je ne suis pas très fiers aujourd’hui…mais bon, je ne renie rien.

 

 

Parmi tes productions, Les tuning maniacs, Paddock et les célèbres motards du Joe bar team s'enchaînent, est ce une prédilection d'écrire des scénarios sur les belles mécaniques?

Pas du tout… Mais nous vivons dans une société qui aime bien ranger les gens dans des boîtes. Moi je suis étiqueté motard qui fait du scénario, alors qu’en réalité je suis un scénariste qui aime la moto. Entre autre…
Je ne parle pas de mes autres centres d’intérêts, le Théâtre, la psychanalyse, mes guitares, les Varans de Commodo… parce que lorsque je le fais je vends 2000 exemplaires.
Cependant, il n’aura pas échappé à personne, qu’au delà du sujet (qui n’est qu’un prétexte), je fais des histoires d’humain. Prenez « Monique et Robert » : Je voulais sortir du créneau mécanique avec eux, je les ai crées pour ça. Mais pour qu’ils aient une chance d’exister il fallait mettre « Camping Car » sur la couverture, parce que c’est synonyme pour l’Editeur de prépublication, de « potentiel » commercial, de mise en place en Hyper marchés… alors qu’est ce qu’on fait ? Je refuse toute compromission en brandissant ma carte d’Auteur ou je mise sur l’intelligence des lecteurs qui sauront faire abstraction de l’emballage… bon…ahem… sur ce coup là, je me suis planté, mais peut être qu’un jour ça marchera…
        
Comment est née la collaboration avec Jenfèvre pour le tome 7 de Joe Bar.

C’est Dominique Burdot (12bis) qui nous a présenté. Lorsque je lui ai emmené le projet Tuning Maniacs chez Vents d’Ouest (dont il était à l’époque le directeur), il a tout de suite pensé à Jenfèvre. Rapidement nous sommes devenus pote. Lorsque Bar 2 m’a demandé de reprendre le JBT, j’ai proposé de le faire avec Henri. Je n’envisageais pas de bosser sur un truc aussi dur avec quelqu’un d’autre. Henri est fiable, rapide, talentueux, mais en plus c’est un type plein d’humour. Je n’aurais jamais accepté le Joe Bar team s’il n’avait pas été de la partie.

 

 

        
 

Est ce que Bar2 s'est impliqué sur la conception de l'album ?

Pas directement. En revanche il m’a beaucoup aidé dans la mise en œuvre. Nous avons discuté des heures. Il m’a parlé de sa vision de la Bédé en général et du Joe Bar en particulier. Il m’a donné toute les clés, montré la trajectoire et m’a laissé me débrouillé avec ça... Il a un peu joué le rôle de sage femme dans l’accouchement de l’album…

Comment t'es tu imprégné de l'univers de Christian debarre ?

Je le connais depuis que j’ai 20 ans (je l’ai rencontré en même temps que Stéphane). J’étais jeune dessinateur dans une agence de pub (mais si vous savez bien : dans le tome 3 du Joe Bar… celle où Fane/Paulo et moi/Jéjé faisons des courses de fauteuil à roulette… ha bon ? vous pensiez sérieusement que c’était une fiction ?! mais qui inventerai un truc pareil !!). Je n’avais pas vraiment besoin de m’imprégner plus de son univers, vu que je suis tombé dedans tout petit.

 

 

 

Tu collabore avec Philippe Bercovici sur Camping car globe trotter et Monique & Robert...arrives tu à suivre son rythme sachant que Philippe dessine plus vite que son ombre (rires) ?

Effectivement, Philippe est un monstre de travail (pleures). Mais il me galvanise. J’ai tellement peur de ne pas être à la hauteur lorsque je travaille avec lui que je met un point d’honneur à bosser à son rythme… Cela dit, voilà encore un auteur que j’adore par dessus tout. Autant humainement que professionnellement. Il peut me proposer n’importe quel projet, je foncerais les yeux fermés… Pour moi, Berco c’est un « boss » comme disent les djeuns… Vous imaginez un peu : Ce garçon fait de la BD depuis qu’il a 17 ans. Il a travaillé avec les plus grands, côtoyé Franquin, sans jamais renier son propre style. C’est un artisan de la BD à l’ancienne. Il ne se la raconte pas, ne se prend pas pour un auteur, ne revendique rien… il est humble, discret et opiniâtre… tout ce que j’aime.

 

 

 

Quels sont tes futurs projets ?

Pour le moment je travaille sur le tome 8 du Joe Bar team… enfin travailler est un bien grand mot… je gamberge, je tords des trucs dans tous les sens…j’essaye de trouver des idées de gag qui ne soient pas déjà vues… bref… comme dit « mon vieux » Baschung : je cogite, je m’agite…
 

Si on te donnais la possibilité de devenir un personnage de bande dessinée par un coup de baguette magique, sur lequel se porterait ton choix ?

Tu rigoles !!! jamais je n’accepterais pareil proposition !!! Misère… Vivre par procuration la vie d’un auteur frustré qui se servirait de moi pour assouvir tout ces fantasmes…quelle horreur !! non vraiment, je préfère ma place.

 

Reportage © Graphivore-Bruno Gilson 2011

Images © Vent-d'ouest-Pat Perna 2010

 



Publié le 11/10/2011.


Source : Graphivore

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