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Alors que l'opération "Lisez-vous le belge, édition 2025" touche à sa fin, j'ai voulu revenir sur une BD qui m'a marqué en mars dernier.
"Dix secondes" de Max de Radiguès raconte l'histoire de Marco.
"- Pourquoi tu traînes tout le temps avec le Schmet et les autres ?
- Bah. Ils sont sympas.
- Pff ... C''est pas pour ça ... Ils sont pas sympas ! Tu peux aimer leur côté sans limite ou être fasciné par leur confiance en eux qui est presque indécente ... mais pas les trouver sympas.
- Je sais pas. Avec eux, c'est simple. On se met la tête, c'est tout. Ça fait du bien.
- Oublie pas tes vrais copains ..."
Un ado dans toute sa "splendeur" ! Ni pire, ni meilleur que la grande majorité des gars de son âge. Une famille aussi absente que dépassée par un père constamment en déplacement et une mère qui a toutes les peines du monde à maintenir le bateau à flot ... enfin le ménage !
Marco n'est pas plus méchant qu'il en a l'air, il est juste "paumé" entre son enfance qui s'envole et son âge adulte qui n'a pas encore atterri. Alors oui, il picole un brin, il fumette un coup, il "draguenette" sans trop savoir comment faire, ... En gros, il se cherche.
"Zapper ... La vie ce n'est pas comme ça. On ne peut pas la "zapper", Marco ..."
La famille, laquelle ?
L'école ... bof ! Il réussit sans trop se forcer ... ou il pourrait bien réussir en se donnant un peu de peine ! Mais pourquoi ? Il n'en voit pas l'intérêt ! Sa rhéto à subir avant l'univ' ... à Louvain-la-Neuve éventuellement !
Les copains de virée ... plus rien de fort excitant ! Toujours la même chose. Mais ce sont ses potes, alors ...
Les balades en scooter, oui ... surtout lorsque pour rentrer il s'offre son "défi héroïque" : rouler à l'aveugle en comptant jusqu'à 10 ! Inconscient ? Plus que certain et à la longue, le risque d'un crash ... La loi des probabilités en somme et surtout de la route ! Et pour lui, c'est quasi à chaque fois ! Cependant, il se relève sans trop de casse. Dès lors, pourquoi s'arrêter ?

© Max de Radiguès - Casterman 2025
La copine ? Zoé, la fille avec qui il aimerait bien ... Mais aimerait bien faire quoi ? Et comment ? Il est tellement "maladroit et gauche" quand il est avec elle !
D'autant plus, qu'elle n'est peut-être pas "libre" ! Déception et désappointement ... pour ne pas dire désespoir !
L'amour est loin d'être toujours réciproque !
"Est-ce que Seb est le meilleur mec du monde ? NON ! Mais il n'y a pas mensonge sur la marchandise ... Je devrais faire quoi, hein ? Sortir avec un gars comme toi ?! T'es gentil mais t'es complètement à côté de tes pompes, Marco !
Et t'inquiète pas pour moi, je me fais pas violer par Seb. Je fais ce que je veux, quand je veux et avec qui je veux !
Ciao, pauvre con !"
Alors il ne lui reste plus grand chose si ce n'est Oli "Schmet". Ce dernier et sa bande semblent plus "speedés" avec leurs pilules !
Ainsi entre bitures, tests de toutes les substances et mixtures (surtout si alcoolisées) qu'il peut s'offrir, Marco est borderline !
Un malaise malsain, qu'il ne peut contrôler ni contenir et qui le pousse vers de plus en plus d'excès ... par rapport à lui-même. En effet, Marco est un "gentil" qui ne ferait de mal à personne, donc il ne s'en prend qu'à lui-même ! Quitte à s'autodétruire ... jusqu'à ...
© Max de Radiguès - Casterman 2025
Un récit qui pourrait, vu ses thèmes, apparaître comme dérangeant, oppressant pour le lecteur. Pourtant, il n'en est rien. Max de Radiguès réussit à le rendre sensible et humain pour tous. Un style où le ton et l'humour masquent les effluves et autres vapeurs d'excès.
Autobiographique ? Oui probablement en partie par son cadre spatiotemporel ... En Belgique, le BW (Brabant wallon) chic, voire aux alentours Genval ou dans le genre, "petite classe moyenne", dans un quartier gentiment résidentiel des années '80-'90.
Les jeunes y jouent à la console en attendant le nouveau "Zelda", sans connaître le gsm, roulent en scooter sans avoir de trottinette électrique ni d'Aixam, vont à la MJ pour voir un concert, sortent au Palla (le Palladium, ancienne boîte de nuit à Genappes aujourd'hui rasée, pour les trop jeunes qui n'ont pas connu) et écoutent de la musique via leur disc-man ! Bref, la fin des eighties forever BCBG !

© Max de Radiguès - Casterman 2025
L'adolescence n'est pas un thème innovant chez Max de Radiguès. Il nous y avait déjà replongé dans "Un été en apnée".
"To be or not to be ?" ... "to became or not to became a future adult ? Tels pourraient être les leitmotivs de ses récits de vie si percutants et intimistes à la fois. Parlant à chacun, chacune des adultes que nous sommes peut-être devenus ou que nous pourrions devenir, impossible de ne pas s'y retrouver un peu.
Sous ce titre plus qu'évocateur, un morceau de vie, 10 malheureuses petites secondes ... un fragment d'instant pour une éternité où tout basculera ou se perpétuera dans la joie ... ou la douleur.
Le temps de compter jusqu'à 10 et tout sera fini ... Mais pour qui ? Chacun devra y trouver sa propre réponse, son propre espoir, son ultime souhait avant de refermer un album plus profond qu'imaginé au début !

© Max de Radiguès - Casterman 2025
Cette introspection dans un vécu d'adulte en devenir est renforcée par un dessin simple tout en étant efficace.
Un graphisme clair, net, soigneux sur les détails d'ambiance et de décors facilite cette immersion dans une adolescence qui tangue au gré des jours.
Un album idéal entrant dans cette opération "Lisez-vous le belge". Autant dans le sujet que les thèmes traités, les décors et lieux si parlants, si proches de nous !
Max de Radiguès nous offre ainsi une madeleine de Proust ado-belgicaine.
Reynold Leclercq, de la librairie Brüsel, ne s'y était pas trompé en consacrant sa "Minute de Rey" de mars : ici
Thierry Ligot
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Titre : Dix secondes
Scénario - dessin -couleurs : Max de Radiguès
Éditeur : Casterman
Genre : récit de vie - drame
Thèmes : adolescence, amitié, vie quotidienne
Public : ado, adulte
Parution : 12/03/2025
Pages : 120
Format :21,7 x 28,9 cm
ISBN : 978 2 20329 037 2
Prix : 22 €
Dimanche 10 et lundi 11 novembre 1630, il y a donc quasi 4 siècles, la France vivait une de ces journées qui marque son Histoire !
Elle sort des guerres de religion. La situation politique avec les pays voisins est loin d'être apaisée. Et autour du jeune Roi Louis XIII, une guerre latente de pouvoir est en cours.
La scène se joue ainsi au plus haut niveau de l'État ... de la Royauté.
Ses protagonistes sont répartis en 2 camps. Le premier avec à sa tête Marie de Médicis, mère du jeune Roi Louis XIII, regroupe les catholiques, les Grands et même les puissances étrangères, qui le craignent ! Elle a de plus en plus difficile à supporter l'ascension du Premier Ministre de son fils, le Cardinal Armand-Jean du Plessis de Richelieu.
"A peine la Reine-Mère a-t-elle le loisir de voir le Roi qu'elle lui déclare, le 10 novembre, qu'elle ne veut plus aimer le cardinal ni le voir en sa maison."
Ainsi débute ce qui s'apparentera à un "combat d'influence" de 2 jours et qui verra le Cardinal asseoir définitivement son pouvoir et sa main mise sur le Roi, et donc sur la politique de la France !

© Martial - Conrad - Marabulles 2025
Tout s'enclenche au lendemain du siège victorieux de La Rochelle. Le Roi est épuisé et souffrant, la Reine-Mère, à son chevet en profite pour lui arracher la promesse de régler "le problème Richelieu" !
Mais ce dernier est auréolé de sa prise de La Rochelle. Ce qui ne l'empêche pas d'être "prudent".
"- Votre influence porte haut, Éminence.
- L'influence est une arme à double tranchant. Choisissez vos paroles avec soin ou votre tête, suivie de la mienne, pourrait vite se retrouver à la même hauteur que les 4 pieds carrés du cabinet du Roi. Et Dieu sait qu'ils me sont plus difficiles à conquérir que tous les champs de bataille d'Europe."
Cette lutte entre la Reine-Mère et le Cardinal se fera à coups de rencontres discrètes, d'intrigues de couloirs subtiles, de manipulations et d'influences. Le Roi ne cessera d'hésiter, se sentant balancer entre l'attachement maternel et l'intérêt politique du pays.

© Martial - Conrad - Marabulles 2025
Deux journées des plus tendues où chacun pensera "avoir gagné" avant le rebondissement suivant. Jusqu'à la dernière minute, la survie politique des 2 protagonistes ne tiendra qu'à un fil ...
"- Reprenez-vous, Madame, Richelieu ne peut effacer la dette qu'il a envers vous, il ne serait rien sans Votre Majesté.
- Hélas, vous ne le connaissez pas. Il n'y a pas d'homme plus abattu que lui quand la fortune lui est contraire, mais il est pire qu'un dragon quand il a le vent en poupe !"
Ces 2 journées où les faveurs royales ne cesseront de l'un à l'autre finiront par être surnommées "La journée des Dupes" par Guillaume Bautru, comte de Sarrant, le soir du 11 novembre, lorsque le Roi reviendra de Versailles à Paris avec Richelieu.
La France en sortira renforcée, prête à s'imposer face à l'Europe ... Le pouvoir du Roi en sortira lui désormais absolu, se garantissant de toute tentative future de "rébellion" des Grands.

© Martial - Conrad - Marabulles 2025
Un album aussi intéressant historiquement parlant, car le sujet a été rarement traité dans le 9e Art ... et même ailleurs, qu'artistiquement. Une approche qui mérite largement que nous nous y arrêtions
Réussir à rendre clair cet ensemble de péripéties, de stratégies d'influence, de retournements d'attitude est un véritable exploit. Le rythme est soutenu. Les dialogues sont pointus mais largement accessibles. La chronologie précise permet de bien suivre le déroulement des événements. La narration dense tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page.
Bref pour un coup d'essai, Maël Martial et Mathilde Conrad nous offrent une superbe BD historique.

© Martial - Conrad - Marabulles 2025
Comme dit, le second intérêt de cet album est clairement son graphisme. Un trait soigné, mettant à l'honneur les décors, les costumes, les paysages, ... Une attention particulière est également portée sur une mise en page énergique, avec ses plans rendant hommage aux expressions faciales, aux attitudes et scènes de mouvement. Ses angles de vue sont là pour transcender les sentiments, les pensées, les craintes et les fantômes de Richelieu.
Des couleurs vives, agréables à l'œil, donnent vie à ce récit passionnant.
Pour la petite histoire, cet album est, à l'origine, un projet "étudiant" de Maël Martial (promotion 2024 - Spécialisation édition multimédia) à l'EEC (École Émile Cohl). Projet qui aura donc trouvé, de façon logique, un œil favorable chez Marabulles.
Thierry Ligot
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Titre : Richelieu, la Journée des Dupes
Scénario - dessin : Maël Martial
Couleurs : Mathilde Conrad
Éditeur : Marabulles
Genre : biopic - histoire
Public : ado, adulte
Parution : 24/9/2025
Pages : 64
Format : 23,5 x 31,7 cm
ISBN : 978 2 50118 324 6
Prix : 15,95 €
"Votre heaume masque le visage de la forfaiture, messire, vous m'avez insulté. Apprêtez-vous à choir !
Je suis votre chevalier servant, ma reine. Mes armes vermeilles et mon destrier vous appartiennent. Nul, dans cette noble assemblée, ne pourra dire qu'aujourd'hui un Godefroi Valence de Terney d'Argence a failli."
C'est ainsi que, tel un Don Quichotte chargeant des moulins, ... l'élégant cavalier choit ! En tentant de retrouver son preux destrier, Méliador, Godefroi surprend une étonnante conversation à la limite de sa propriété.
Deux hommes observent avidement le terrain de 70 hectares de friche de feu le père Fournier, jouxtant le domaine des Valence de Terney d'Argence ! Leur idée ? Y construire des logements sociaux ... puis y adjoindre à terme une zone commerciale !
Désemparé, paniqué, le comte rentre essoufflé annoncer la mauvaise nouvelle à son épouse, Jeanne-Baptiste ! Quoi ?
" - Des logements "sociaux" ?! Comme dans ...
- "Sociopathe", oui.
- Mais ils n'ont pas le droit ! C'est un scandale ! Nous sommes chez nous !!!
- Je sais, Jeanne-Baptiste, il fallait que je courusse en toute hâte vers nos pénates pour vous en informer, dussé-je y perdre mon souffle ... et ma casquette favorite.
(...)
Mais ce champ ne nous appartient pas ! Ils ont tout à fait le droit de construire une zone commerciale si tel est leur bon vouloir, hélas."
Rejetant cette idée, elle décide de se battre pour empêcher la réalisation de ce projet immobilier ! Mais devant le refus de soutien de la municipalité, de l'avocat de la bourgade, de la presse locale ni voyant aucun intérêt, comment se faire entendre et résister ?
Charlotte et Côme, les 2 enfants du couple, sont prêts à tout pour mener ce combat avec leurs parents. Pourtant, ce pourrait ne pas être suffisant !

© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
La solution viendra de leur locataire, monsieur Vermandois ! Pour cela, ils devront faire appel à une véritable légende de la lutte urbaine et sociale : de mai 68 à la Sorbonne, à mars 96 pour les sans-papiers, en passant par juillet 75 sur le plateau du Larzac et novembre 86 avec les étudiants ! Son nom ... Tancrède !
Apprenant le nom du promoteur immobilier, Gérard de Ridefort, ce dernier accepte d'aider les Valence. Il va même plus loin, lui proposant d'appeler à la rescousse quelques amis ...
Ainsi va débuter le combat pour la "zone à défendre" ... la ZAD ... la CroiZAD !
"Tout le reste étant égal, on est plus fort de moitié lorsqu'on combat chez soi"
Sun Tzu (L'Art de la guerre)

© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Une fois de plus, Philippe Pelaez nous surprend avec un scénario original, plein de rebondissements. Parfaitement charpentée, cette quête pour la sauvegarde d'un bout de terrain nous conduit à une comédie de mœurs assez désopilante. Mêlant cette fois petite noblesse de province à des "zadistes", contestataires pacifistes dans l'âme, il confronte plusieurs univers dans un "joyeux" combat écolo-sentimentale ...
Car oui ! Ce fameux champ du père Fournier n'aurait-il pas quelques secrets à révéler ? Toute cette lutte ne cacherait-elle pas un terrible et émouvant mystère familial, enterré depuis longtemps mais toujours vivace dans les cœurs et les esprits de certains ?

© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Après "Le Gigot du dimanche", "Les Fesses à Bardot", ... voici un nouveau truculent choc des générations, de milieux sociaux, de cultures, de mentalités ... teinté de problèmes sociétaux actuels. En effet, derrière la bonhomie apparente de ce scénario, Philippe Pelaez n'hésite pas à aborder quelque peu (comme dans les titres cités plus haut) certains thèmes bien précis : le rôle des médias, le rapport de force entre grosses immobilières et petits propriétaires, la corruption, ...
On s'amuse des protagonistes, portraits égratignant allègrement certains stéréotypes. Ceci tout en restant raffinés, teintés d'humour et de sarcasmes à haute volée !
Des dialogues succulents à souhait, d'une autre époque où la langue chantait aux notes du passé antérieur et du subjonctif imparfait ! Un art linguistique que Godefroi manipule avec dextérité tout au long de cette extraordinaire épopée moderne ... une chanson de geste digne de celles de Chrétien de Troyes.
A noter, les extraits de textes introduisant chacun des 13 chapitres, sans oublier le prologue et l'épilogue ! Un régal à savourer !
5e album de l'année tous genre confondu, du fantastique à l'historique, du sérieux à l'humoristique, voire à l'ironie, sans omettre un arrêt au stand automobile avec le retour de Julie Wood, Philippe Peleaz revient ici à la satire grinçante de notre monde cruel où les intérêts financiers tentent si souvent d'écraser l'humain.

© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
2e collaboration commune chez Grand Angle, après "Les Fesses à Bardot", avec Philippe, Gaël Séjourné garde ce trait souple et dynamique qui offre à ce scénario une touche graphique d'humour supplémentaire. Le "si" artistocrate Godefroi n'a-t-il pas une certaine ressemblance avec le "très" artistocrate Jean Rochefort ... ou plutôt Guy Delorme ?

© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Comme à chaque fois, ce subtil dosage rend la narration attachante et passionnante à la fois. Un combat d'une bande disparate et improbable de noblio-zadistes pour laquelle le lecteur ne peut pas ne pas prendre parti !
A découvrir dès aujourd'hui !
Thierry Ligot
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Titre : La Dernière CroiZAD
Scénario : Philippe Pelaez
Dessin & couleurs : Gaël Séjourné
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Genre : Comédie, satire, étude de mœurs
Public : tout
Parution : 20/8/2025
Format : 20 x 29,9 x 2 cm
Pages : 152
ISBN : 979 1 0411 1150 3
Prix : 22,9 €
" Lorsque les dieux sont mécontents, les mortels tremblent. Même le Grand Prêtre Na-Routef, chef suprême du clergé, Grand Commandeur des Templiers, l'homme le plus puissant de l'empire. Des milliers de soldats à son service, des coffres remplis d'or, des concubines par dizaines. Et pourtant, il tremble."
Il faut dire que pour lui remonter les bretelles, Seferou n'y va pas par 4 chemins avec Na-Routef ! Qu'il fasse la guerre à l'empire pour un pseudo prétexte et soi-disant pour la gloire des dieux ! Soit !
Mais voilà que ces dieux lui confient une mission ! Une mission fort simple en apparence !
Retrouver un homme, un templier, et l'éliminer !
Au même moment, à l'autre bout de l'empire, un homme se réveille au milieu d'un véritable carnage. Visiblement aucun survivant dans les 2 camps.
"On dirait que j'ai survécu. Mais comment ? Il faut croire qu'il y a un dieu pour les ivrognes ... Où est-ce que je suis ? La bataille est finie ?"
Se découvrant amnésique, ce templier sans mémoire n'aspire qu'à répondre à des questions fort simples : qui est-il ? Qui a gagné ? Son seul souvenir ... son nom : Amrak !

© Olivier Gay - Geyser - Scimia - Drakoo 2025
Inconscient du danger qui le menace, de la chasse à l'homme qui vient de s'engager et dont il est la cible, Amrak décide de rejoindre Amadis, la ville sainte afin d'y trouver ses réponses.
Profitant d'incroyables concours de circonstances favorables, d'une chance extraordinaire, il semble échapper à toutes les situations périlleuses sur son chemin.
" Quoi ?! Mais c'est moi, ça ! Mort ou vif, ça veut dire quoi, ça, mort ou vif ? Heureusement que je suis tombé sur cet avis de recherche."
C'est ainsi qu'il croise son antinomique : Tania, une voleuse porte-poisse !
A deux, pourront-ils répondre aux questions d'Amrak ?
A se demander d'ailleurs, pourquoi ce templier amnésique représente un si grand danger pour Seferou ?
Un destin à la hauteur de ce cocktail inattendu et si efficace "verni inconscient et porte-poisse".
© Olivier Gay - Geyser - Scimia - Drakoo 2025
Entre situations absurdes permettant au héros (malgré lui) de surmonter, voire d'échapper de façon souvent maladroite, à toutes les embûches dressées dans sa quête et course-poursuite à travers toute la ville, le destin semble bien joueur !
Dès le départ, on s'amuse autant des situations que de la façon dont ce maladroit-chanceux esquive le danger. Car il est vrai qu'à chaque fois ...
" Eh ben ! Si je n'avais pas joué de chance ... je serais mort à l'heure qu'il est ..."
Humour de situation, humour narratif, Olivier Gay nous tient en haleine jusqu'à son dénouement complètement décalé dans ce récit fantasy original. Dès lors, rien de surprenant à ce que cet album se lise d'une traite !

© Olivier Gay - Geyser - Scimia - Drakoo 2025
Geyser, par son trait, son découpage énergique, y renforce le côté "action" des bagarres et scènes de bataille. Entre cases "intimistes" pour certaines scènes et d'autres plus grandes, voire quasi panoramiques, Geyser découpe intelligemment ce scénario hyper boosté.
Ceci ne l'empêchant nullement de soigner les visages, leurs expressions, leurs mimiques et autres dans un style semi-caricatural ! Chacun des protagonistes ayant bien la tête de l'emploi !
Les couleurs d'Alice Scimia finissent le travail en donnant relief et vie à chaque case ! Son subtil jeu de nuances y ajoute chaleur ici, froidure de la nuit là, ...

© Olivier Gay - Geyser - Scimia - Drakoo 2025
Un one-shot parfait pour se détendre et passer un agréable moment avant la rentrée !
A paraître après-demain !!!!
Thierry Ligot
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Titre : Le destin d'Amrak
Scénario : Olivier Gay
Dessin : Geyser
Couleurs : Alicia Scimia
Éditeur : Bamboo
Collection : Drakoo
Genre : fantasy, humour, aventure
Parution : 20 août 2025
Pages : 48
Format : 24,3 x 32 cm
ISBN : 978-2-3823-3041-8
Prix : 14,9 €
" - Tu me manques tant quand tu n'es pas là, surtout maintenant.
- C'est la dernière fois. Après j'aurai un travail de bureau et je pourrai rentrer tous les soirs, on sera en famille.
- Promets-moi que ces 14 prochaines nuits seront les dernières que je passerai seule !"
Mais comment promettre une chose dont on ne peut garantir la réalisation ... si ce n'est dans ses espoirs ou ses rêves ?
" - C'est ce que je pensais.
- ...
- Tu es humain.
- Je sais, merci.
- Mais vous n'êtes pas n'importe quel humain ... vous êtes le dernier."
Après plus d'un siècle en caisson de survie, un homme se réveille dans un laboratoire quelque part dans l'immensité de l'espace. Il est le dernier survivant de son vaisseau spatial d'exploration, le Kesslar. En route pour revenir sur Terre, un vaisseau inconnu, sans raison apparente, l'attaque et le détruit. Une agression fulgurante qui ne laisse aucune chance à l'équipage ! Le capitaine, pour sauver sa peau, est alors contraint de fuir à bord d'une capsule de sauvetage.
C'est cette dernière qui, 100 ans plus tard, est retrouvée par hasard par Prospector sur Floran 4, planète glacière, entre Floran 3 et Floran 5.
Mais entretemps l'humanité a totalement disparu ! Guerre ? Virus ? Extermination ? Mystère !
Dès lors, cette capsule contient le dernier spécimen de la race humaine !

© Baldie - Park - Aventuriers d'ailleurs 2025
Un rien abasourdi par son long sommeil, par le fait d'apprendre la disparition totale de ses congénères, l'homme n'a qu'une seule idée en tête : tenir sa promesse et rejoindre la Terre, sa femme Kathy ainsi que leur enfant ! Un siècle plus tard ... un siècle trop tard ....
Mais ce qu'il ignore également, c'est que pour un général katzani, race extraterrestre hyper belliqueuse dominant l'espace, il représente un "trésor" inestimable, un Graal inespéré. Celui-ci lance une jeune Traqueuse à sa recherche. Elle devra le ramener vivant afin d'en extraire son sang ... Son sang ! mais pourquoi ?
Une longue traque débute alors, sans que le "Capitaine de l'espace" ne comprenne pourquoi il en est la proie ! Aidé de Doc, de Prospector, de Marsta, ..., entre combats, poursuites, duels et autres actions du genre, l'adrénaline ne cesse de grimper. Notre dernier survivant fera tout pour rejoindre la Terre, en zone de quarantaine spatiale et rentrer chez lui ... ou du moins, de ce qu'il en reste !

© Baldie - Park - Aventuriers d'ailleurs 2025
Une odyssée palpitante, pleine de rebondissements, à travers l'univers, entrecoupée d'étapes et de périples en tous genres.
Au fur et à mesure de cette traque, nous découvrons les tenants et aboutissants, les états d'âme, les secrets intimes, les buts cachés de chacun de ces acteurs. Qu'ils soient héros, amis, ennemis, aucun n'en ressortira idem !
Car entre les lignes de ce scénario d'aventure, de quête de ses origines, des valeurs humaines se profilent. Si l'humanité a bel et bien disparu dans sa totalité, il n'en reste pas moins certaines de ses valeurs comme la solitude, l'amour, l'amitié et l'espoir.
Les thèmes abordés sont eux aussi variés et divers : l'ostracisme, la quête de la réussite, ...

© Baldie - Park - Aventuriers d'ailleurs 2025
Ce nouvel opus de la collection "Les Aventuriers d'ailleurs" est néanmoins d'une fraîcheur toute agréable. Il se lit d'une traite tant on se met à la place de ce Capitaine à l'intention si noble : rejoindre quoi qu'il arrive les siens ! Ce rescapé du passé aura une nouvelle mission ... sa survivance dans cette capsule n'aurait pas été le fruit du hasard mais répondrait à un destin bien précis ... Encore faut-il savoir de quel côté du miroir nous situons-nous !
En 6 chapitres, ce space-opéra se dévoile dans toute sa saveur. Au plus le héros se rapproche de la Terre, au plus les auteurs, Chris Baldie et Michael Park, nous plongent dans ce drame tellement humain, celui de connaître ses racines et de vouloir à tout prix y retourner quand on est perdu !
Tournant autour d'une intrigue centrale assez simple (pourquoi la race humaine a-t-elle disparu), ce scénario se déroule naturellement, de façon assez linéaire, juste interrompu ici et là par les flashbacks de la vie antérieure de l'homme, par ses cauchemars également !
L'ensemble ressemblant à un puzzle dont les pièces passées et présentes s'assemblent petit à petit, nous faisant ainsi découvrir les moindres recoins de ce scénario à tiroir.

© Baldie - Park - Aventuriers d'ailleurs 2025
Sans se perdre dans des développements ou réflexions secondaires, le récit est rempli de petits clins d'œil hommages au western spaghetti des Sergio Leone et à d'autres films mythiques, qu'ils soient de S-F ou d'héroïc-fantasy.
En western, les allusions à OK Corral, au "Le Bon, le Brute et le Truand" devenant "le bon (doc), la brute (la traqueuse) et le vieux (Prospector)", la sainte trinité, ...
En fantasy, comment ne pas rapprocher l'emblème de l'agresseur (une épée brisée) à Narsil, l'épée d'Elendit ("Seigneur des Anneaux), ...
Marsta ne serait-il pas la transposition futuriste d'un Indiana Jones cloné avec un Clint Eastwood, version Sergio Leone ?
Et que dire de Prospector avec son vaisseau spatial à l'ordinateur central si philosophe et bavard, Hal !
Quant à la "Machine" Hélix ... mais là je me tais pour ne pas vous priver de la surprise !
Entre les références nombreuses et variées déjà citées, nous en retrouvons d'autres plic ploc, plus dans le genre "Science-fiction" voire "marvelien" : "Cap'tain America", "Alien 3", "La planète des Singes" (l'original de 1968 avec Charlton Heston), "2001, L'Odyssée de l'espace", "La Quête de Thanos", ...
Nous pourrions également penser d'une certaine manière à quelques effluves d'un space western "Cowboys et aliens" inversé !

© Baldie - Park - Aventuriers d'ailleurs 2025
Bref, un régal de petits hommages disséminés ici et là transformant ce récit en un space opera savoureux au final digne d'une tragédie grecque classique ! A moins que ce ne soit un "Roméo et Juliette" à la sauce écossaise parodique ?
Mais qu'importe la catégorisation que nous pourrions lui coller ... une aventure qui se lit, nous entraîne dans les élucubrations, tant narratives que visuelles, de 2 auteurs trop peu connus en francophonie !
Au final, un scénario à la fois original, rythmé, sans véritables temps morts, surprenant par ses enchaînements, ses chapitres, ses flashbacks, ses valeurs d'amitié comme d'humanité, sa sensibilité teintée parfois d'ironie ici ou de dérision là, sans oublier ses personnages attachants et héroïques à la fois.

© Baldie - Park - Aventuriers d'ailleurs 2025
Côté graphisme, le dessin s'assimilent assez à un mélange de semi-réalisme et de cartoonesque rétro. Des décors simples mais bien pensés voient nos protagonistes évoluer dans un univers quasi humain. Un découpage en apparence "classique" soutient idéalement le rythme et l'intensité de la narration. Un mariage parfait qui évite la lassitude éventuelle de la lecture vu les 248 pages ... Bien que celles-ci se dévorent sans difficulté !
En conclusion, un "Hibernatus" futuriste dans un "Captain America", dernier vestige ... oups pardon ... rescapé d'une race désormais éteinte ...
Excellente lecture pour ce début de vacances ...
Thierry Ligot
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Titre : Traqué dans l'espace
Scénario : Chris Baldie - Michael Park
Dessin - Couleurs : Chris Baldie
Éditeur : Bamboo
Collection : Aventuriers d'ailleurs
Genre : S-F
Public : ado, adulte
Parution : 4/6/2025
Format : 22 x 29,4 cm
Pages : 248
ISBN : 978 2 3860 4017 7
Prix : 26,90 €
"- Ça s'fait pas de leur avoir laissé nos deux enfants malades.
- Mes parents en ont vu d'autres
- J'ai vraiment des scrupules. La gastro en plus ... "
Voilà donc Sophie et Quentin, parents de deux "adorables" enfants, partant à nouveau sans eux ... grâce à la gentillesse forcée des grands-parents !
Pas de vacances sur l'île paradisiaque de Kimolos en Mer Égée cette fois ! Ce serait même tout le contraire ... direction l'Amérique Centrale, sa jungle, ses moustiques, ses fièvres et ses guérilléros !
Des vacances de 8 jours ... dans l'enfer vert !
Pourtant, ce départ qui pourrait se révéler positif si la météo et la malchance ne s'y mêlaient pas une nouvelle fois !
Contraint d'atterrir sur un petit aéroport secondaire suite à une tempête tropicale, Sophie se rend vite compte qu'elle a aussi "emmené" avec elle un petit souvenir de ses chérubins : la gastro !
La tempête se déchaînant, tous les vols sont alors annulés.
Seule solution pour rejoindre la capitale, Santorito, louer une voiture. Pas évident vu le chaos général. 2h30 de route, cela devrait aller pour la pauvre Sophie ! Mais à nouveau, c'est sans compter sur leur "malchance".
Avec ce déluge, si les routes se transforment rapidement en quasi torrents, et les cours d'eau, eux, en sont de véritables, emportant tout sur leur passage ... comme ce pont ! Le GPS leur propose bien un itinéraire de rechange ... 12h24 ! Impossible pour eux ...
Pourtant, il indique également un raccourci ... Pourquoi ne le conseille-t-il pas ?
Qu'importe ! Pour Quentin, c'est la meilleure option ... Et sans prêter attention au panneau "interdiction - Carretera cerrada", il s'enfonce dans la jungle !
"Sur le GPS, il y a une sorte de raccourci ... Pourquoi j'peux pas passer par là ? Vas-y, on s'en fout."
Rapidement bloqué, ils se voient obligés de trouver refuge dans un hôtel minable. Parmi les autres clients, un policier, sa prisonnière Maria, et Joachim. Ce dernier, compagnon de Maria, est là pour la libérer. Pour ce faire, il n'hésite pas à tirer sur son gardien.
Obligés alors de s'enfuir malgré le temps épouvantable, les fugitifs entraînent avec eux Sophie et Quentin.

© Vivès - Casterman 2025
C'est ainsi que notre couple se retrouve mêlé involontairement en plein conflit entre orpailleurs et flics corrompus, ... tout cela en pleine forêt amazonienne ! Chacun des 2 camps cherchant une mystérieuse caisse rouge enterrée quelque part !
Nos 2 héros sont dès lors "engagés" à creuser ici et là. C'est ainsi qu'ils découvrent l'entrée d'un site aztèque oublié ... Un autre "trésor" y serait-il caché ?
Pour rappel, Sophie, le cerveau, parle une dizaine de langues et Quentin, le rationnel, possède une mémoire photographique extraordinaire lui permettant de ne jamais oublier un visage. Cela peut toujours servir ... y compris en pleine jungle !

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Ainsi, voici la seconde "Lune de miel" de Quentin et Sophie ... Seconde, 4 mois à peine après la première ! Jolie prouesse, avouons-le !
Avec son scénario, un rien classique peut-être, usant parfois de certaines astuces prévisibles, mêlant la saga des "Indiana Jones" à "A la poursuite du diamant vert", "Jungle Cruise" et autres films du genre, Bastien Vivès nous entraîne dans cette aventure rythmée, sans véritable temps mort.
Semant innocemment quelques indices (tel un vieux médaillon offert à Sophie), ajoutant intelligemment quelques rebondissements aux bons endroits (pont suspendu ici, nid de serpents à gogo là, ...), sans oublier la gastro de Sophie, la lecture est agréable et bien cadencée.
Ses personnages principaux sont toujours aussi attachants face à des "méchants" qui le sont nettement moins et à des "plus ou moins méchants" un rien hésitant !
Une nouvelle fois, son couple devient "héros" par obligation et non par statut ou par son ADN ... c'est peut-être bien une des raisons le rendant si humain, sympathique et normal ! Ils le sont par les circonstances ... Vous rappelez-vous cette "Histoire sans héros" d'un certain Jean Van Hamme et Dany ? Sauf qu'ici la fin pourrait être plus heureuse !

© Vivès - Casterman 2025
La mise en page est à l'image des péripéties narrées. Dynamitée dans un cadrage "traditionnel", elle soutient l'énergie de l'action. Bastien Vivès poursuit ainsi sa transition du roman graphique auquel il nous avait habitué ces dernières années (en dehors de son "Corto Maltese") vers une BD plus "classique".
Son trait reste clair et souple, ses décors soignés, ses ambiances moites et chaudes à la fois, notamment celles du déluge aussi bien aérien que terrestre.
Des plans que nous pourrions qualifier de cinématographiques rendent les scènes encore plus vivantes et agitées. Une maîtrise de la page remarquable qui est évidemment une des grandes qualités de ce "Petit Prince de la BD".
Les belles couleurs de Brigitte Findakly renforcent l'ensemble et notamment la sensation d'humidité et de pluie qui nous accompagner au fur et à mesure des pages.

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En conclusion, une lecture agréable, dynamique, sur un rythme endiablé qui nous entraîne une nouvelle fois dans certains mystères et mythes de civilisations oubliées !
Un deuxième titre gentiment dans la lignée du premier. Une série en devenir ?
Un 3e est annoncé ... son titre (provisoire ?) "Midi entre 4 planches".
Bref tout un programme et surtout un flou total quant au prochain terrain d'action de Sophie et Quentin !

© Vivès - Casterman 2025
Ceci dit, l'intitulé de la série est-il encore bien de mise ? Elle semble bien longue cette "Lune de miel" ! A moins qu'il n'y ait un peu de cynisme ou de sarcasme dans cet intitulé ?
Thierry Ligot
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Série : Lune de Miel
Tome : 2 - Le Secret de Coatlicue
Scénario, dessin : Bastien Vivès
Couleurs : Brigitte Findakly
Éditeur : Casterman
Genre : policier, aventure
Parution : 14/5/2025
Page : 46
Format : 22,7 x 30,4 cm
ISBN : 978 2 203 29039 6
Prix : 14,95 €
Février 1866, Atlanta est détruite par les incendies et la guerre. Le Sud a perdu ! Les Unionistes sont désormais les maîtres de la ville et ils le font bien comprendre. Difficile pour les anciens Confédérés de conserver leur "standing" d'antan ! Surtout qu'il faut trouver de la main d'œuvre à payer maintenant ! Les esclaves ont été affranchis et certains ne sont pas prêts à retravailler pour leurs anciens maîtres. D'autres, dans leur misère, ne rêvent que de se venger d'eux.
" - Hey, tu peux poser les sacs de la dame blanche, maintenant. on est libres !
- Libres de quoi ? D'être inutiles ?
- On a choisi de ne rien faire ... et pouvoir choisir, c'est déjà être libre."
Pour Scarlett, la vie est un combat de chaque jour. Trouver de l'argent afin de régler les dettes de Tara, s'assurer de quoi subvenir aux besoins de son père, de sa sœur, de Mélanie et de son mari, Ashley Wilkes, dont elle ne cesse de rêver, ... Ceci sans compter son irrésistible besoin de se mettre elle-même à l'abri : logement, ... et surtout ...
"ne plus jamais connaître la faim" !
Apprenant que Rhett est emprisonné pour meurtre, elle lui rend visite pour tenter de l'attendrir en vue obtenir de l'argent. Mais du haut de son arrogance, ce dernier devine rapidement le jeu de Scarlett et s'en joue adroitement pour l'humilier ... une fois de plus !
Qu'importe, elle trouvera une autre solution ... Celle-ci apparaîtra sous les traits du fiancé de sa sœur Suellen, Frank Kennedy ... qu'elle n'hésitera pas à lui "voler" ! Un mariage d'argent qui, tout en sauvant Tara, la lance dans les affaires.
S'impliquant dans celles de son mari, avec de l'argent prêté par Reth, elle achète une scierie et s'investi avec succès dans le commerce du bois. Elle ne voit que ses intérêts sans se soucier réellement du "qu'en dira-t-on" !

© Alary - Rue de Sèvres 2025
Suite à une agression d'anciens esclaves noirs, son mari et d'autres Sudistes, tous membres du KKK organisent une expédition punitive. Malheureusement, dans l'affrontement, il meurt laissant Scarlett veuve. Complètement abattue, elle sombre dans un désespoir profond. Mais Butler, jamais très loin, lui avoue enfin son amour pour elle et l'épouse.
Une union orageuse entre 2 êtres qui s'attirent comme ils se détruisent. Car toujours entre eux, l'amour de Scarlett pour son beau-frère, Ashley ... et l'espoir inavoué qu'un jour, il aurait pu ... si la vie n'en avait décidé autrement !
Toutefois il est dit que le destin lui interdira paix et tranquillité ... tout comme d'atteindre enfin son rêve secret : l'amour de son beau-frère, Ashley Wilkes, le mari de sa tendre et timide cousine Mélanie, un ange de bonté, admirée et appréciée de toutes et tous à Atlanta.
Tout son opposée ...
Mensonges, trahisons, froide, calculatrice, manipulatrice, n'ayant aucun scrupule, rien n'arrête cette femme au caractère bien trempé dans sa quête de l'absolu.
Menant sa vie comme bon lui semble, ignorant les ragots et médisances, bravant tous les "interdits sociaux", Scarlett s'attire de nombreux reproches de la bonne société sudiste ! Qu'importe à nouveau jusqu'au jour où, au creux de la vague ...
" - Non, mais Rhett, j'ai peur ...
- Allons Scarlett. Vous n'avez jamais eu peur de votre vie.
- J'ai peur d'aller en enfer.
- Mais Scarlett ... l'enfer, c'est ici, sur cette terre. Vous êtes en enfer, là, maintenant."
Mais Rhett Butler est inlassablement là ! Au fond d'elle, elle l'aime ... et de son propre aveu, c'est réciproque ... Il le lui avoue alors qu'elle est enceinte de son premier enfant ! Sera-t-il l'ange de sa rédemption ?
" - ... je veillerai sur vous pendant les prochaines semaines ...
- Rhett ... Oooh ! Vous, me protéger ?
- Oui, ma chère. Et pourquoi ? A cause de mon amour pour vous, madame Kennedy ... j'ai silencieusement eu faim et soif de vous, et vous adorais de loin. mais étant, comme Ashley Wilkes, un homme honorable, je vous l'ai caché."
Mariages, enfants, réussite dans les affaires, tout pourrait enfin lui permettre de connaître la sérénité ! Pourtant Scarlett continue d'être cette insatisfaite jeune femme dans une course effrénée vers un bonheur total et visiblement inatteignable ! A chaque fois qu'elle pourrait se dire de l'avoir enfin trouvé, le Destin et la Mort la frappent cruellement, l'obligeant à se renforcer, à se durcir encore plus !
"Les fardeaux sont pour mes épaules assez fortes pour les porter"
Une action quasi en vase clos, dans un Atlanta qui doit se rebâtir, un Sud qui doit apprendre à survivre. Les uns et les autres qui ne cessent de se croiser, de s'associer et s'entraider ou de s'opposer, malgré les circonstances, la guerre, la défaite, la peur de perdre le peu qu'il leur reste, d'avoir encore un jour "faim" et d'être seuls !

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Une majestueuse histoire d'amour, de passion sur fond de guerre, avec comme personnage central, Scarlett O'Hara. Une tragédie classique, antique à la sauce américaine d'une jeune femme amoureuse de deux hommes ...
"Scarlett n'avait compris aucun des deux hommes qu'elle avait aimés et les avait perdus tous les deux.
Si elle avait compris Ashley, elle ne l'aurait jamais aimé.
Si elle avait compris Rhett, elle ne l'aurait jamais perdu."
Et comme morale cette ultime pensée :
"Après tout, demain est un autre jour !"

© Alary - Rue de Sèvres 2025
L'adaptation de Pierre Alary est une prouesse scénaristique et graphique. S'attaquer à un tel monument littéraire pouvait apparaître comme une gageure mais Pierre a réussi à en garder toute la "substantifique moëlle", la dynamique et l'intense énergie.
Son découpage, ses cadrages et angles, ses cases, tout est au service de la narration, des sentiments qu'elle inspire. Peur, amour, tendresse ou détresse, ses regards les font sortir des cases pour aller directement toucher le cœur du lecteur !
Pour sublimer son trait, des couleurs chaudes, ocrées comme celles d'un crépuscule ... celui d'un monde en déclin.
L'ambiance hors du temps des maisons coloniales sudistes, leurs réceptions et bienséances mondaines, les affres de cette sanglante guerre de Sécession sont les décors de ces passions humaines dans un monde en total disparition et qui ne sait plus de quoi sera fait son lendemain. Pourtant, il lui faut survivre et même continuer à vivre en se reconstruisant, en s'adaptant et en surmontant les épreuves. C'est tout cela que Pierre transpose avec brio dans ses 2 volumes incroyables.

© Alary - Rue de Sèvres 2025
Un dessin, des dialogues, une narration, des couleurs soignées faisant exploser toute la dramaturgie de ce roman légendaire. Chaque planche, chaque case ne traduit que l'aspect dramatiquement humain de cet amour. Scarlett et Rhett se cherchent, s'évitent, se retrouvent pour s'éloigner à nouveau. Ils ne peuvent faire autre chose que de s'aimer en se déchirant jusqu'à l'explosion de leur passion dans un déchirement ultime !
Deux albums somptueux, luxueux, soignés dans leur finition, dos toilé, couverture avec dorures à chaud, papier de qualité dans un format large, ... Bref à la hauteur du roman !
Clairement un coup de cœur, un indispensable dans toute bibliothèque BD, à côté du roman et du film.
Thierry Ligot
Lien Interview Pierre Alary : ici
Lien podcast Radio Émotion : ici
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Série : Gone with the Wind
Scénario, dessin & couleurs : Pierre Alary
D'après : le roman éponyme de Margaret Mitchell
Éditeur : Rue de Sèvres
Genre : Histoire, drame, romance, guerre de Sécession, amour
Public : tout
Format : 24,3 x 32 cm
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Tome 1
Parution : 5/4/2023
Page : 150
ISBN : 978 2 81020 219 5
Prix : 25 €
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Tome 2
Parution : 8/1/2025
Page : 160
ISBN : 978 2 81020 230 0
Prix : 27 €
Un ciel bas, gris, nuageux ... triste. Un décor de misère, sans vie, en béton. Des enclos entourés de fils barbelés. A l'intérieur, des tentes par-ci par-là, de petits groupes déambulent sans but ou assis autour d'un feu. A l'extérieur, des gardes armés, en tenue anti-émeute, casqués et armes prêtes ... Des réfugiés parqués en attente de quoi ?
Un bateau pour partir, quitter ce lieu de transit ! Tenter de trouver une terre d'exil !
Cela pourrait sembler une scène "classique" si cela ne se passait en France, au Havre, et si les candidats réfugiés n'étaient des Français, des Européens espérant fuir le Vieux Continent pour l'Ecosse !
Un futur proche, une catastrophe ou une épidémie quelconque ravage l'Europe, poussant ses ressortissants à la fuir par tous les moyens ! Avec un bon passeport et les papiers de l'immigration écossaise, c'est l'attente et l'incertitude dans cet enclos de transit !
Parmi eux, le professeur Zizek, Livia et sa sœur Francesca ainsi que leur "passeur", Raph, mercenaire payé par une botaniste, Bryndis Jonson, pour les aider à rejoindre une destination bien précise ... mais qui n'est pas l'Ecosse !

© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Leur projet, détourné le premier bateau de rescapés ... direction l'Islande !
Il faut dire que le professeur Zizek n'est pas n'importe qui. Spécialiste du développement en phase de crise, ses idées et théories l'ont mené en prison jusqu'au jour où ...
"Je viens d'avoir une nouvelle aussi incroyable qu'inattendue ... Zizek s'est évadé de prison il y a plusieurs semaines déjà ! ... Si Zizek réussit à gagner nos côtes, le projet "Islander" n'est peut-être pas enterré. Zizek fera tout pour gagner l'île ! Le problème c'est que même s'il y parvient, il ne passera jamais les services de l'immigration à Reykjavik ... à moins qu'une personne passe illégalement la frontière et prévienne les responsables loyalistes de l'importance du vieux professeur ..."
Car l'Islande n'est pas un pays ouvert, en plus d'être divisé entre "loyalistes" du sud et "sécessionnistes" du nord de l'île, la décision de rejeter désormais tout migrant est prise au nord, alors que le sud parque dans un "camp" ceux qu'il ne veut pas !
Une île mais 2 camps opposés, Nord - Sud, qui paradoxalement ne peuvent survivre l'un sans l'autre, ...

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Au Havre, un chalutier écossais approche. Mais lors de l'embarquement, tout ne se passe pas comme prévu. Une panique, des bousculades, des cris et l'opportunité pour Liam, sans passeport, sans papier, poursuivi par la police ... d'arracher le pass de Francesca et d'embarquer à sa place ! Elle se retrouvera bloquée derrière les grillages ...
Une traversée plus que mouvementée, sans état d'âme de Raph pour les autres passagers, ... Une arrivée en Islande chaotique, suivi d'un enchaînement d'événements qui les voit finalement rejetés dans un camp de Refoulés. Sur une plage, au pied d'une gigantesque falaise, ce lieu est l'antichambre de l'enfer pour les quelque 6.000 malheureux qui y sont entassés !
Sous la coupe de Yuiri et de sa milice de gros bras, une insurrection est en train d'y germer.
"Demain la lune nous sera favorable. On a récupéré assez de matériaux échoués pour que la machine fonctionne. On n'a plus le choix de toute façon."

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Une intrigue qui se développe sur plusieurs niveaux et points de vue ...
D'abord en suivant les différents protagonistes avec en premier lieu Liam qui semble être le personnage central, le fil d'ariane entre les différents "plateaux" de l'action.
Ensuite, le groupe "professeur, Livia, Raph", les dirigeants des 2 camps islandais, Erika et son frère Jon, Uffe Barenstein et Bergson, ...
Les acteurs se révèlent ainsi en permanence. Leurs parcours vont se croiser, s'entrechoquer, s'opposer, se combattre jusqu'à ... à découvrir !

© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Le tout avec comme toile de fond le problème de l'immigration, les conditions de survie dans les camps, les tensions politiques et sociales que cela peut entraîner au sein des instances dirigeantes, les actes de résistance, voire de rébellion que cela peut engendrer face à des dérives autoritaires, ...
"- Si tu cherches un lieu où l'esprit libertaire flotte comme un drapeau pirate dans ce monde de merde post-capitaliste, il y a un squat où on accepte tout le monde sans poser de questions. Je peux t'y mener.
- Tu ne sais pas qui je suis ... pourquoi tu prendrais ce risque ?
- Pour rien ...c'est plus beau, non ?
- Sans doute.
- Non, c'est sûr ! Tu ne connais pas la devise des Sioux Lakota ? Donner rend plus fort."
Caryl Férey, unanimement reconnu comme un tout grand du roman noir (Haka, Utu, Zulu, Okavango, ...), nous sort un scénario haletant, mené tambour battant, mêlant personnages humainement attachants ou au contraire terriblement crapuleux. L'espèce humaine dans toute sa variété !
Une crise humanitaire aux relents politico-écologiques mêlant espoirs de rédemption des uns, ambitions politiques des autres et drames humains, familiaux et intimes de tous !
Quand la démocratie chancèle face à une poussée migratoire incontrôlée, à l'explosion de l'envie de se refermer sur soi et aux dangers que cela engendrerait ...
Le but de Férey, en inversant la situation de migration, des Européens cette fois, est de créer une empathie du lecteur en le plaçant dans le rôle du migrant. Ainsi, tout devient plausible ... et subitement plus sensible, touchant ! Oui, cela pourrait aussi nous arriver un jour ...

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Il nous semble évident que Férey nous réserve des développements et rebondissements à nous faire perdre le nord, des retours possibles de personnages "égarés" comme Francesca, des alliances ou trahisons dans tous les camps ... Sans oublier l'entrée en scène de quelques clans encore dans l'ombre ! Bref, l'imprévisible est au menu des 2 prochains tomes.
Les perspectives sont nombreuses, diverses, offrant à chacun une chance de rachat ou au contraire de sombrer définitivement. Les remords pousseront-ils certains au rachat de leurs "péchés" ? La bonté pourra-t-elle l'emporter face à la noirceur de certains ? Pas convaincu quand on connaît l'esprit des polars de Férey et sa capacité à tenir ses lecteurs en haleine

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Corentin Rouge y apporte tout son savoir graphique. Par son réalisme, ses cadrages, ses plans et découpages dynamiques, l'action nous absorbe au point d'y perdre pied. On sent son souci de réalisme, de l'authentique. Il reconnaît lui-même ce besoin pour "y croire", n'hésitant pas à se déplacer sur place pour mieux s'imprégner des lieux comme Reykjavik ou la plage des Refoulés ! Que ce soit dans ses superbes paysages islandais, ses décors urbains, ou au contraire l'hostilité de cette plage violemment frappée par de gigantesques vagues, ses scènes de tempêtes terrifiantes ou de montagnes enneigées, ses gros plans faciaux avec leur expression à sortir de l'image, nous sommes pris à la gorge par l'ambiance et les atmosphères de cette intrigue palpitante.
Ses superbes pleines pages, voire double-pages sont un véritable régal visuel !
La détresse à travers les yeux de Liam ici, de Sylvia là ou pire de Francesca restée derrière les grillages lors de l'embarquement au début ... comment ne pas la ressentir soi-même !
Après les couleurs chaudes de l'Afrique du Sud dans 'Sagoma", voici les teintes froides et glaciales de l'Islande !
Cette colorisation achève de nous prendre aux tripes dans cette course à la survie !

© Férey - Rouge - Labriet - Glénat 2025
Après l'énorme succès de "Sangoma", one-shot qui permit de voir à quel point romancier et dessinateur étaient sur la même longueur d'onde, il aurait été dommage de ne pas reconduire l'aventure ! Mais sur une trilogie cette fois ... et voici "Islander" !
Un premier opus déjà explosif, fixe au fur et à mesure le cadre et les décors, à la fois actuelle et dystopique. Une anticipation prémonitoire qui prend ses racines dans la crise écologique, migratoire et sanitaire de ces dernières années ...
Un premier tome où tout se résume déjà dans la saisissante et humainement terrifiante couverture ! Une absolue beauté glaciale !
Quant au final de ce tome, il nous met en haleine pour la suite ... Donc vivement sa parution !
Thierry Ligot
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Série : Islander
Tome : 1/3 - L'exil
Scénario : Caryl Férey
Dessin : Corentin Rouge
Couleurs : Céline Labriet & Corentin Rouge
Éditeur : Glénat
Genre : anticipation
Thème : écologie, dérèglement climatique, migration, quête de soi, identité, survie
Parution : 22/1/2025
Format : 24 x 32 cm
Page : 159
ISBN : 978 2 344 04304 2
Prix : 25 €
Fin des années '50, quelque part au fin fond de la campagne française, Trougnac, petit village de moins de 3000 habitants, près de Poil, autre village, un rien plus important ... car il y a une pharmacie vue qu'à Poil, il y a plus de 3000 habitants !
Un petit bourg sans importance ... si ce n'est son véritable Duc, Clovis Dieuleveult de Beaudrap, fan invétéré de cinéma ... et donc l'Eden, le cinéma du village dont la programmation occupe toutes les conversations.
Les débats animés du Café des Sports, voisin de l'église ... et la "classique" rivalité entre villages, entre Trougnac et Poil ... qui s'exprime sur des derbys de football !
Bref, rien de particulier, ni d'intéressant réellement. Une vie qui s'écoule paisiblement, semblable comme partout ailleurs en France.
Voilà le décor est planté. A présent ... "Action !"
A bord de sa petite Renault 4CV, l'air sur de lui, style "jeune premier", Conrad Knapp entre en scène. Il recherche un village typique pour y tourner un film. Proche de l'équipe de tournage, de Jean Gabin, des acteurs et actrices à la mode, Conrad peut en ouvrir toutes les portes.
Pour preuve qu'il appartient bien au monde du cinéma, il a même avec lui une photo du dernier film de Brigitte Bardot et Jean Gabin ! Et pas n'importe laquelle ... une tirée d'une séquence coupée au montage où BB montre ses fesses !
Son "arme secrète" pour se faire ouvrir toutes les portes ...
Il n'en faut pas plus pour mettre tout le village en ébullition ... Pas question que Conrad cherche un autre endroit. Le prochain film de BB devra se faire à Trougnac. Et pour le convaincre, tout est bon : cadeaux, pots de vin, avantages, honneurs, logis, nourriture, ...
Chacun tentant déjà de s'attirer ses bonnes grâces ... la mère qui aimerait que sa fille ait un petit rôle, le Duc prêt à "acheter" la décision de Conrad, ...
Sans parler de Julie, la fille du régisseur de l'Eden ! Elle se verrait bien dans le film, ou même devenir la petite amie de Conrad et monter à Paris !

© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Comme à la pêche au gros, il faut savoir laisser filer un peu avant de ramener sa prise ... et recommencer jusqu'à être certain de l'avoir bien ferré !
"Messieurs, votre accueil me bouleverse, mais ne saurait égarer mon jugement. J'ai tout de même pas mal voyagé, ce qui me permet de vous dire en connaissance de cause que votre patelin est tarte comme il est pas permis et qu'il y fait un temps de merde !"
Un Singe en hiver (1962) - Henri Verneuil
Rapidement le village entre "en transe". Jalousies et passions s'entredéchirent, 2 camps ... les pro et les anti 7e art ! Le maire, le Duc, les commerçants, ... d'un côté, le curé et ses bigots de l'autre ! Pour et contre la venue de Bardot à Trougnac !
Escroqueries et mensonges entraînent petit à petit Conrad à se perdre dans une course folle vers le mur !
Dans cet engrenage qui le pousse à toujours aller plus loin dans ses "histoires", un petit grain de sable ne risquerait-il pas de gripper sa belle "mécanique" ... et alors gare au réveil des "crédules" !

© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Après "Le Gigot du dimanche" (chronique ici), voici une nouvelle tranche de vie de province offerte par Philippe Pelaez sous un regard mi-satirique, mi-goguenard !
A la fois un bol d'air rafraîchissant et un regard cynique sur les petites querelles de village à la manière d'un Don Camillo, le tout soupoudré d'un filet d'arnaque arnaqué ! De qui rire ou qui plaindre dans cette comédie douce-amère ? Une saveur narrative qui fait franchement du bien.
Une intrigue tournant autour d'une "arnaque" qui n'est pas sans rappeler, sur un autre sujet, la construction d'un tronçon d'autoroute, de l'histoire vraie et du film qui en fut tiré : "A l'origine" (de Xavier Giannoli avec François Cluzet, 2009) ... si ce n'est que le final lui diffère totalement !
Et puis, il y a cette fameuse photo des fesses de Bardot ! On en parle durant toute l'histoire ... mais les voit-on ?

© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Un scénario, en 12 chapitres, 12 claps bien ficelés, des dialogues savoureux dont on se délecte à chaque page, une chute bien dans le ton sur un dernier rebondissement à la hauteur, des personnages à la fois attachants et franchouillards à souhait, un Jean Gabin plus vrai que nature (normal, c'est le vrai !), ...
Un régal digne des grandes comédies françaises du cinéma ! Sauf qu'ici c'est en 150 pages !
Et pour mettre tout cela en images, un Gaël Séjourné au crayon bien taillé ! Fluide dans son style ligne clair réaliste, il nous offre une galerie de portraits dont certains pourraient nous faire penser à ... Devinez !
Un trait qui colle à l'ambiance de cette comédie, à son atmosphère provinciale à la Bardot !
Et que dire de cette couverture ... en référence directe avec l'affiche du film "En cas de malheur" ... Conrad à la place de Jean Gabin face aux interminables jambes à Bardot ! Hommage à peine déguisé au cinéma français des années '50 (film sorti en 1958).

© Pelaez - Séjourné - Grand Angle 2025
Un album qui se laisse lire comme sa bande son se laisserait écouter ...
"Un deux trois, elle craignait de montrer quoi ?
Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Qu'elle mettait pour la première fois
Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Un bikini rouge et jaune à p'tit pois
Un deux trois voilà ce qui arriva ..."
Petite perle de ce début d'année ... laissez-vous emporter par ce pittoresque récit, haut en couleur et savoureux à l'excès !
Thierry Ligot
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Titre : Les Fesses à Bardot
Scénario : Philippe Pelaez
Dessin & couleurs : Gaël Séjourné
Éditeur : Bamboo
Collection : Grand Angle
Genre : Comédie, satire, étude de mœurs
Public : tout
Parution : 8/1/2025
Format : 22,1 x 29,9 x 2 cm
Pages : 160
ISBN : 979 1 0411 0462 8
Prix : 22,9 €
Avez-vous déjà décidé de votre menu de Noël ? Un réveillon mérite bien quelques mets succulents sortant de l'ordinaire. En effet, que serait une excellente compagnie sans de quoi la substanter en faisant exploser nos papilles ... sans parler de quelques grands crus qui accompagneraient idéalement les saveurs cuisinées avec amour ?
"- Un restaurant n'est pas un camion ! Un restaurant est un lien, un village, un pèlerinage ! On va au restaurant ... la gastronomie ne vient pas à toi !
- Et c'est quoi ta gastronomie ?
- Un art ! Une tradition !"
C'est ainsi que Paul présente à sa fille Daisy l'héritage qu'il s'apprête à lui offrir ! Elle va, avec son compagnon Karim, reprendre l'auberge paternelle ! Mais sont-ils sur la même "vision" de cet héritage ? Le père dans sa tradition de la grande cuisine française établie dans son auberge, la fille dans son envie de la rendre itinérante par le foodtruck de son compagnon !
Paul va ainsi, au travers 5 âges, retracer les grandes étapes de cette tradition culinaire.

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Tradition qui trouve ses fondements à la Préhistoire. Depuis la nuit des temps, se nourrir est la préoccupation première de l'Homme. Mais très vite, la recherche du raffinement, des saveurs exquises, des produits nouveaux, ... vint agrémenter cette obligation naturelle. Ainsi naquit la "gastronomie" !
C'est ainsi qu'à travers les âges, les époques, les lieux, ce qui allait devenir un véritable art se développa pour atteindre la "Perfection" ... ou du moins s'en approcher. Avec ses Maîtres, ses Innovateurs, la gastronomie fit de la nécessité de manger un art de vie impliquant une multitude de domaines différents ... tels la littérature, le mobilier, les ustensiles, les bonnes manières, ...

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Pour n'en citer que l'un ou l'autre exemple ...
1555, Nostradamus en plus d'être un célèbre astrologue, écrivit un ouvrage sur les confitures.
Duprat, ancien précepteur de François 1er, crée la table échancrée afin de permettre aux invités corpulents d'être mieux installés ... le ventre sous la table.
Ou encore, en littérature, la "gastrolâtrie" mettant en scène les géants Pantagruel et Gargantua de Rabelais. On peut être humaniste, libre penseur, écrivain et amateur de bonne chair !

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Dès le Moyen-Âge, sous les pressions de l'Église, ses rituels, ses interdits, l'année est rythmée par des traditions culinaires.
Pensez au Carême qui amena le Carnaval, 40 jours avant Pâque. De l'italien "carnevale", autrement dit "adieu la viande".
Il en est de même dans l'islam avec le Ramadan ...
Ces 2 moments de jeune se clôturant par la tradition de l'Agneau Pascal pour les chrétiens et la fête de l'Aïd pour les musulmans.

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Mais que seraient les meilleurs mets, cuisinés avec finesse et raffinement si l'art de la table n'avait pas suivi ? Avec Catherine de Médicis, celui-ci se fait luxueux grâce à la faïence d'Urbino, à la verrerie de Venise, aux couverts ciselés de Benvenuto Cellini, aux plats émaillés de Bernard Palissy, ...
Mets raffinés et dives boissons vont de pair ... Depuis les Égyptiens et les Romains, un repas se devait d'être correctement accompagné ! Vins et autres boissons ... connurent ainsi, au cours des siècles, leur propre développement et recherche de la perfection gustative.
Cela mena, en France au XIXe siècle, au classement en cru !
"Les courtiers de l'industrie viticole établissent en avril 1855 un classement des crus rouges selon leur réputation et leur prix depuis 2 siècles. Les vins sont classés de 1er au 5e cru.
Tous les rouges viennent du Médoc : Lafite, Latour, Margaux, sauf le haut-Biron qui est un Graves ...
Rien n'a changé depuis - excepté Mouton Rothschild qui en 1975 passe du 2e au 1er cru."

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
Ensuite viendront les guides culinaires, les livres de cuisine, ... dont le premier sera "Le Cuisinier François" de François Pierre de la Varenne. Nous passons de la cuisine médiévale à la grande cuisine moderne.
La grande cuisine se développe, s'imagine, s'invente dans des restaurants, des hôtels. En 1900, avec l'émergence de l'automobile, 2 frères, André et Edouard Michelin, fabricants de pneumatiques, décident d'offrir un "guide" à tous les chauffeurs. Ce dernier les renseignera notamment sur les bonnes adresses, les tables à visiter avec des notes, conseils, ... Ainsi naît le mythique "Guide Michelin" !
Devenant payant en 1921, il deviendra le "Graal" de tout amateur de bonne chair. Ses étoiles, apparues 5 ans plus tard, seront à la fois recherchées et craintes ... tout comme les mystérieux et redoutables "inspecteurs" du Guide !

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
C'est tout cela, et plus encore, que cette véritable anthologie de la gastronomie vous propose en 160 pages. Une BD unique qu'adoreront tous les amateurs de bonne cuisine qu'ils soient néophytes, futurs chefs voire des Bocuse qui s'ignorent !
"Pour être un grand chef, il faut de l'amour, du travail et de l'audace !"
Bernard Deyriès, pour l'écrire, y a repris la même recette que pour "L'Histoire de la musique en BD" : recherche approfondie, souci de l'exactitude doublé d'une volonté de présenter le tout de façon agréable et savoureuse.
Un scénario à multiples mains, comme la préparation d'un festin digne des dieux ! Michael Sadler, Daisy Sadler et Kilien Stengel ont réussi à condenser cette passionnante épopée en un récit vivant, passionnant et plein d'humour.

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
5 âges (du feu, de la fourche à celui de la fourchette, de la conserve, des guides et de l'IA) pour retracer cette odyssée épicurienne extraordinaire des plaisirs du palais ... loin d'être achevée !
Riche en faits historiques comme en anecdotes, cette bible de la bonne cuisine s'enrichit de réflexions actuelles sur la cuisine d'aujourd'hui et son "univers impitoyable" : ses fast food avec leur malbouffe, les émissions télés (conseils, recettes, jeux, concours, ...), nouvelles tendances (moléculaire et autre végan, ...), modes de production et de conservation, questions écologiques et éthiques, ...
Bref un tour complet de la table !
Si nous y ajoutons un graphisme agréable mis en couleur de façon succulente par Degreff, la sauce prend dès la première page ! Et nous voici transportés dans un voyage des sens par la part des anges ...

© Deyriès, Michael Sadler, Daisy Sadler, Stengel & Degreff - Delcourt 2024
S'il vous manque encore un ultime cadeau pour le chef-coq de votre cœur, votre papa, votre maman, votre ... qui que ce soit amoureux de la table, voici la BD idéal à ajouter demain soir sous le sapin et à offrir entre le plat et le dessert !
Thierry Ligot
PS : Merci à l'hôtel Van Der Valk de Waterloo pour le décors et l'ambiance de la photo de couverture prise dans leur superbe restaurant "La Sucrerie"
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Titre : Il était une fois la Gastronomie
Scénario : Michael Sadler, Daisy Sadler & Kilien Stengel
Dessin : Bernard Deyriès
Couleur : Degreff
Editeur : Delcourt
Genre : culinaire, guide, humour
Parution : 30/10/2024
Pages : 160
Format : 22,7 x 29,9 x 1,9 cm
ISBN : 978 2413 04393 5
Prix : 25,50 €
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